Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Arrivé à 74 ans malgré une vie passée à tromper la mort, Johnny Hallyday n’a jamais cessé de vivre à 200 à l’heure. Mais alors que les langues se délient sur certains de ses démons depuis son décès, c’est Florent Pagny qui, comme Pascal Obispo, a brisé le tabou de l’alcool dans la carrière du rocker. Avec honnêteté et franchise.
« Toute sa vie, petit à petit, est un suicide. Trop boire, trop travailler, trop se forcer ». Ces mots sont signés Line Renaud, et ils concernent la plus grande star populaire des 50 dernières années de chanson française en France : Johnny Hallyday. Véritable excessif dans l’âme, le « Taulier » aura brûlé la vie par les deux bouts entre consommations démentielles d’alcool, de tabac, de drogue, et de vitesse au volant. Un quotidien qu’il assumait, notamment dans des images d’archives diffusées par l’INA :
J’aime bien l’esprit de tournée, c’est un peu comme une grande famille. On vit ensemble. En général, je finis mon tour de chant vers 00h30, je ne ressors jamais avant deux heures du spectacle parce qu’il me faut une heure pour récupérer. Ensuite, je m’habille et on va dîner avec les musiciens, et on boit un verre jusqu’à des fois 5 heures, des fois 6 heures, des fois 7 heures. Mais je vis une vie qui est excessive !
Florent Pagny évoque le rapport de Johnny Hallyday à l’alcool
Ultra-résistant, l’interprète de « Quelque chose de Tennessee » s’est même permis d’ignorer les conseils de ses médecins américains qui, après son énorme frayeur de santé en 2009, lui avaient intimé d’arrêter la cigarette et l’alcool. L’alcool, justement, sera peut-être resté son plus gros démon, comme le racontait Pascal Obispo dans des propos terrifiants :
Je l’ai vu boire… Au début, c’est marrant. Et, à un moment donné, quand il reprend une deuxième bouteille, là ça devient agressif. Je l’ai vu bourré, je l’ai vu à poil dans son jardin avec un flingue sur la tempe. Je l’ai vu à genoux devant moi en train de pleurer… C’était dur.
Florent Pagny, ami d’Obispo, s’était également exprimé sur le sujet en insistant sur le contraste très difficile à gérer entre la scène et l’hôtel :
C’est un peu le principe du chanteur. On arrive, on est sur scène il y a 5.000 personnes qui t’acclament et tout de suite après, bim, tu es tout seul dans ta chambre d’hôtel. Lui son problème, il était là, c’est qu’il était beaucoup beaucoup en tournée.
Face à cette difficulté quasiment indissociable du métier, nombreux sont les artistes qui recourent à une sorte de paradis artificiel. Le « Taulier », lui, ne faisait rien de manière modérée, et c’est donc dans un cocktail permanent d’alcool, de tabac, et pendant longtemps de drogue, qu’il écumait ses journées et ses nuits. Un rythme destructeur qui a fini par le rattraper, et lui ôter la vie lors de ce triste 5 décembre 2017.
Dans ce qu’il avait de plus beau comme dans ses pires moments, Johnny Hallyday était et est toujours resté un excessif. Et même si ce mode de vie lui a coûté quelques années de vie et des ennuis de santé, nul doute qu’il ne changerait rien à ce parcours si atypique, devenu légende pour l’éternité.