Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
En plus de 30 ans de carrière, Jean-Luc Reichmann a évidemment côtoyé certains des animateurs les plus influents de son époque. Ce fut notamment le cas de Jean-Luc Delarue, l’enfant prodige de la télévision qui en est ensuite devenu l’une des tragédies. En 2020, 8 ans après le décès de l’animateur, Reichmann avait souligné la différence majeure entre eux.
Unanimement reconnu par la profession et le public comme l’un des précurseurs de la télévision dans les années 1990, Jean-Luc Delarue avait tout pour mener une longue et belle carrière : une gueule, un charisme, des idées, et une grosse éthique de travail. Malheureusement pour lui, le Parisien s’est laissé happer par ses démons, ceux-là même qui l’ont menés à son décès à l’âge de 48 ans seulement.
Non loin de là, sur une chaîne concurrente, un modèle de constance traçait sa route : Jean-Luc Reichmann. Et si les deux hommes partageaient le même métier et le même prénom, ils avaient en revanche une personnalité bien différente. Et c’est justement ce qu’avait expliqué celui qui est actuellement aux commandes des « 12 coups de midi ».
Jean-Luc Reichmann souligne sa grande différence avec Jean-Luc Delarue
Dans un entretien accordé à « Gala » en 2020, le célèbre animateur avait en effet souligné la manière de faire très différente entre Delarue et lui-même :
Rester fidèle à soi-même n’a pas de prix. Quand j’étais plus jeune, la mode à la télé était au gendre idéal. Les gens adoraient Jean-Luc Delarue. On se connaissait. Lui, il avait une sorte de double vie, deux visages. Ça l’épatait toujours que, pour ma part, je ne me dissimule pas.
J’étais le même, en toutes circonstances, plutôt cash. À côté de ça, la drogue, je n’y touchais pas. J’ai dû fumer deux taffes d’herbe à l’adolescence et ça m’a rendu malade.
Contrairement à son regretté homologue, Reichmann a en effet toujours misé sur la transparence et sur une personnalité à l’écran proche de ce qu’il est dans la vraie vie.
Il faut dire que ce besoin d’authenticité remonte à des traumatismes de jeunesse :
Tout part de ma tâche sur le nez. Ça m’a fait beaucoup de mal quand j’étais gamin. Un professeur qui vous dit en classe : « La tâche, au tableau ! » Ça ne s’efface jamais de la mémoire. Pas plus que d’avoir une sœur de dix ans ma cadette, sourde profonde. Ma vie est conditionnée par la lutte pour l’acceptation de la différence, du handicap.
À 35 ans, seulement, on m’a proposé d’animer un jeu en maquillant ma tâche. Mais au bout de six mois, un an, je n’en pouvais plus qu’on la masque. Je ne me reconnaissais pas. J’ai refusé le make-up… C’est passé.
Jean-Luc Delarue l’a compris, mais que trop tard : il a fini par se faire dévorer par le monde qu’il avait crée autour de lui, entre dédoublement de personnalité et paradis artificiels en tous genres. Une fin tragique que déplore Jean-Luc Reichmann, lui qui mise sur un seul mot depuis toujours : l’authenticité, à la vie comme à l’écran. Une recette gagnante.