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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Devenu une véritable légende du côté de San Antonio, Tony Parker a dû lutter pour conquérir le coeur des fans, de ses coéquipiers, mais aussi de son entraîneur. Car il fut un temps où Gregg Popovich, le taciturne coach des Texans, avait fait de TP sa véritable tête de turc. Et dans son style habituel, il ne s’en cache pas du tout aujourd’hui.
Si la NBA est désormais principalement contrôlée par les joueurs, qui ont le pouvoir sur tout ou presque, il fut un temps où les rookies étaient accueillis « à la dure » dans la plus belle des ligues de basket. En la matière, Tony Parker sait de quoi il parle, lui qui a débarqué à San Antonio à seulement 19 ans entre les mains de Gregg Popovich, alors réputé comme le coach le plus dur sur l’homme de tout le pays.
Gregg Popovich reconnait son erreur sur Tony Parker
En fait, c’est avant même d’être officiellement choisi par les Spurs que le meneur de jeu français a goûté au légendaire tempérament de « Pop ». Lorsque TP a passé son premier essai avec les silver and black avant la Draft, en effet, le tacticien n’a pas du tout aimé la partition proposée par le tricolore. Il s’en est souvenu lors de l’intronisation de Parker au Hall of Fame, en balançant net :
Je le détestais. J’avais dit que je ne voulais pas de lui. C’était un pleurnicheur. Il n’était pas agressif. Il n’aimait pas le contact, il avait 19 ans et je ne voulais pas le voir.
Seulement voilà : « non » n’est pas franchement un mot que le quadruple champion NBA admet dans son répertoire. Avec son agent, il fait le forcing auprès du General Manager pour qu’une seconde chance lui soit accordée. Et cette fois-ci, Parker ne se trompe pas, poussant Popovich à changer d’avis :
Nous avons mis Parker face à plusieurs gars. Il a dû diriger le jeu et il leur a botté le cul. Il m’a prouvé que je m’étais trompé et que j’avais mal interprété ce que j’avais vu de mes propres yeux.
Le coach en a assez vu : il donne le feu vert pour sélectionner ce gamin venu de France avec le 28ème choix de la Draft. D’emblée, TP impressionne, tant et si bien qu’au bout de 5 matchs seulement, il est propulsé titulaire. Popovich le sait, il tient son chef d’orchestre pour les 15 ans à venir :
Vu ce qu’il avait montré à l’entraînement et au training camp, il fallait le jeter dans le grand bain et voir s’il pouvait s’en sortir. Le reste de son histoire, c’est le Hall of Fame.
Malgré cette première marque de confiance, Popovich a continué à coacher TP très durement pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. « Il a parfois dépassé les limites », soufflait Parker sur le plateau de « C A Vous » il y a quelques années, lui qui a fini en larmes à plusieurs reprises face aux agissements de son entraîneur.
Au final, et même si une telle approche ne pourrait plus du tout fonctionner aujourd’hui, les deux hommes ont développé un profond respect mutuel, ainsi qu’une grande admiration l’un envers l’autre. Accessoirement, ils ont aussi contribué à 4 titres de champions ensemble, formant l’une des dynasties les plus admirées de l’histoire de la NBA. Rien que ça.
Très dur avec Tony Parker, dont il avoue sans mal qu’il est le joueur qu’il a le plus durement coaché, Gregg Popovich peut avoir la satisfaction d’avoir tiré la quintessence du talent du Français. Fier comme un père le serait de son fils, Pop savoure aujourd’hui chacune des retrouvailles avec ce gamin qu’il a tant secoué. Mais désormais, les deux stars peuvent en rigoler.
