Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Immenses stars dans les années 1970, Michel Sardou et Claude François ont alors entretenu une relation contrastée, qu’on pourrait résumer par « je t’aime moi non plus ». Provocateur devant l’éternel, Sardou avait en effet déclaré la guerre à son ami de manière frontale, avant de tenir à Cloclo des propos qui l’ont ulcéré. Ambiance !
Il est difficile de nier que les années 1970 ont constitué le pinacle de la variété française. Chaque semaine, un réservoir d’artistes hallucinant venait faire le show chez Gilbert et Maritie Carpentier, donnant lieu à des interprétations conjointes passées à la postérité depuis. Parmi les invités récurrents, évidemment, Michel Sardou et Claude François faisaient partie des incontournables.
Il faut dire qu’au début des années 1970, les deux hommes étaient amis. Sardou n’était pas encore une superstar, et donc pas une menace directe aux yeux du paranoïaque interprète de « Magnolias for ever ». Mais les choses ont rapidement changé, jusqu’à une déclaration de guerre venue de Sardou en personne.
Accrochages en série entre Michel Sardou et Claude François
À l’époque, en effet, « Cloclo » triomphait avec son magazine « Podium », tiré jusqu’à 500.000 exemplaires à chaque numéro. Pour le provoquer, son rival a sorti « MS Magazine », ce qui a ulcéré Claude François. Furax, il a d’ailleurs compté le nombre de fautes d’orthographe dans le premier numéro et les a référencées, afin de ridiculiser au mieux Sardou. D’ailleurs, après 5 petits numéros, « MS Magazine » s’éteindra.
Cette tension n’était pas la seule entre les deux hommes, puisqu’une altercation s’est produite autour de la chanson « Comme d’habitude ». Au micro d’Augustin Trapenard, Sardou a révélé récemment :
Je lui ai dit que sa version de « Comme d’habitude » était nulle, se rappelle le chanteur. Il m’a répondu : “Fais la tienne !” J’ai alors pris le pari non seulement de la faire, mais aussi d’en vendre trois fois plus que lui !
Comme souvent, l’orgueilleux fils de Fernand et Jackie a tendance à quelque peu enjoliver la réalité : en effet, il a vendu 371.000 copies de sa version de « Comme d’habitude », contre 200.000 environ pour Claude François. Un chiffre qui n’en reste pas moins impressionnant, et qui, on l’imagine, a dû ravir Sardou autant qu’il a dû faire bouillir « Cloclo ».
Mais l’artiste tragiquement disparu en mars 1978 a fini par avoir le dernier mot puisque la chanson, qu’il a signée de sa main, est devenue un succès international sous l’impulsion de la reprise de Frank Sinatra, « My Way ». De quoi faire remporter des sommes astronomiques à Claude François et, désormais, à ses descendants, comme en atteste la somme dingue révélée par son fils.
Derrière les sourires et les interprétations sur les plateaux de télé, l’époque « Salut les copains » puis l’époque des années 1970 n’échappait tout de même pas aux rivalités personnelles et aux conflits d’ego. Maîtres en la matière, Michel Sardou et Claude François l’illustrent parfaitement, même si ces enfantillages restent finalement anodins au regard de leur immense carrière respective.