Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Comme les plus grandes stars, Johnny Hallyday continue de vivre même après sa mort. Des albums sortent, les anecdotes se multiplient, et le souvenir du chanteur le plus influent des 60 dernières années dans l’Hexagone demeure. Récemment, c’est ainsi Fabrice Luchini qui a livré son avis sur le « Taulier », avec sa sincérité et son franc-parler habituels.
Parmi ses innombrables projets, Johnny Hallyday a assouvi un vieux rêve en se lançant dans le cinéma. Si le bilan global est mitigé, le grand public se souvient surtout de « Jean-Philippe », sorti en 2006, dans lequel il partage l’affiche avec Fabrice Luchini. Un duo pour le moins inattendu tant les deux hommes semblaient ne pas se ressembler. L’intellectuel érudit d’une part, la force brute de l’autre. Des qualificatifs bien trop réducteurs.
Fabrice Luchini très admiratif de Johnny Hallyday
Car dans les faits, tout s’est passé comme sur des roulettes entre Luchini et Hallyday. En fait, le premier nommé a même développé une grande admiration pour l’homme aux 100 millions de disques vendus. Dans un entretien accordé au « Parisien », il expliquait ainsi il y a quelques années, non sans émotion :
Ce qui décrit le plus profondément Johnny, c’est son immense simplicité. Quand on était avec lui, il n’y avait aucune distance liée à sa situation d’énorme star. À la seconde où on était proche de lui, il te permettait d’enlever la dimension sidérante d’être à côté de lui. Depardieu a ça aussi, mais chez Johnny, c’était spectaculaire. Il te mettait dans un espace affectif qui bloquait sa position sociale. Il a été le même monsieur depuis ses débuts place de la Trinité. C’est le symptôme des grandes stars : Johnny te donnait la sensation d’une proximité presque sociale.
Johnny était extrêmement drôle. Un jour, je suis allé chez lui, il était en T-shirt et me parlait des rôtissoires. Il n’arrêtait pas de me demander si j’avais des écrans plasma… Il était toujours dans des trucs concrets. En même temps, c’était un homme traversé par des puissances. Ce n’était pas un bourgeois. C’était un homme qui avait une immense dimension métaphysique. Il s’interrogeait énormément. Il se marrait de tous les clichés sur sa prétendue bêtise. Il me disait : « Tu sais, moi, j’aime bien mettre les points sur les i ».
De très jolis propos, aussi sincères que touchants, qui n’enlèvent rien au caractère parfois un peu perché du « Taulier ». Dans un entretien tout récent accordé au « Figaro », Luchini a ainsi dévoilé un échange à première vue banal, mais qui l’a pourtant beaucoup marqué, avec Hallyday :
Un jour, Johnny Hallyday, dans une nuit parmi une quinzaine passée à attendre la caméra, me regarde et me dit de son phrasé lent, puis très rapide : « Je ne sais pas comment tu peux aller tous les soirs au théâtre. Moi, j’ai besoin de changer de salle tous les deux jours ». Il réfléchit : « Tu me diras, ce sont des zéniths, donc elles sont toutes pareilles ».
Un peu interloqué, je lui réponds : « Donc, c’est comme moi ? » Johnny : « Non, moi je prends une voiture et les kilomètres ne sont pas les mêmes, donc les distances ne sont pas pareilles ». Cette phrase est démente ! Johnny ne comprenait pas pourquoi j’éprouvais le plaisir quotidien de la répétition. Mais j’aime ça.
Réputé pour ne pas se comporter comme la superstar qu’il était pourtant bel et bien, Johnny Hallyday a laissé un excellent souvenir à l’écrasante majorité des gens qu’il a côtoyés. Fabrice Luchini en fait partie, et c’est tout naturellement qu’il veut faire perdurer la mémoire du rocker, en se remémorant ses nombreuses qualités. Un joli témoignage.