Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Désormais installée parmi les actrices majeures du paysage cinématographique français, Noémie Merlant appartient à cette nouvelle génération de comédiennes ouvertement féministes, à l’aise sur des sujets longtemps considérés comme tabou. C’est ainsi que la native de Paris s’est récemment penchée sur son rapport à la sexualité, qu’elle a modifié au fil des années.
Tandis que le cinéma français traverse une période de nécessaire bouleversement avec « Me Too » et les diverses révélations d’actrices, dont la plus récente en date est Judith Godrèche, Noémie Merlant s’est imposée comme l’un des figures de proue. Féministe décomplexée, celle qui a été récompensée récemment de son tout premier César évoque régulièrement la sexualité féminine, et, donc, aussi la sienne.
Noémie Merlant évoque son rapport à la sexualité
À l’origine, sûrement marquée par les idées pré-conçues de la société, l’actrice associait tout le temps son plaisir à celui de l’autre, sous toutes ses formes. À « Paris Match », elle a ainsi expliqué :
Mon désir était lié au désir de l’autre. Que ça soit avec mon copain, la société, au travail… Il fallait toujours que je sois parfaite, désirable. J’ai requestionné tout cela, en me demandant de ce que je voulais vraiment, moi
C’est donc à l’issue de ce qu’elle appelle un « burn-out sexuel », notamment marqué par une séparation, qu’elle a trouvé l’approche qui lui convenait au mieux :
Ce n’est pas une question facile à se poser. J’ai tout remis à plat, j’ai presque fait un burn-out sexuel. Pour redéfinir tout ça, il faut avoir en face de soi des personnes saines et ouvertes. Moi, j’ai la chance d’avoir mon copain, mes amies. Mon désir aujourd’hui, c’est justement de créer, et beaucoup de ma libido passe là-dedans.
Ce n’est pas glamour de raconter que je n’avais plus de désir, etc… Mais je veux être une artiste, pas un fantasme. Ma forme de militantisme est de parler de sexualité féminine. Dans la société, on juge beaucoup la sexualité des autres. Donc il faut en parler pour bousculer ce que l’on considère être la norme.
Dans sa quête et sa réflexion, Noémie Merlant n’est pas seule. Très attachée à la sororité, elle a notamment vécu avec de très bonnes amies durant sa période de bascule. Elle explique ainsi, là encore tout en franchise :
A une époque de ma vie, je me suis enfuie de ce que j’avais commencé à construire, avec un sentiment de pression. J’ai quitté la personne avec laquelle j’étais, et je suis allée me réfugier chez Sanda Codreanu. Chez elle, on vivait avec plusieurs copines et on formait une sorte de cocon, un gynécée dans lequel je me sentais extrêmement bien.
On était juste après la période #MeToo, donc on avait des échanges hyper forts là-dessus. En face de notre appartement, il y avait un mec qui nous regardait et on se demandait ce qu’il pouvait penser de nous, car on était très libres, on se promenait nues par exemple…
Actrice féministe assumée, pour qui l’avancée de la cause passe par des prises de parole sans tabou, Noémie Merlant assume avoir remis en cause son rapport à la sexualité. Un cheminement long et complexe pour la jeune femme de 35 ans, qui semble désormais bien dans sa tête et dans son corps. En espérant que ce bien-être lui permette de continuer à tutoyer les sommets au cinéma.