Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Troupe historique dans le théâtre et le cinéma français, le Splendid a évidemment marqué plusieurs générations de Français de son empreinte. Mais après le succès initial des « Bronzés », qui a propulsé la bande vers la célébrité, chacun a pris des chemins différents. Thierry Lhermitte a d’ailleurs pointé une différence majeure entre lui et Gérard Jugnot, avec lucidité et franchise.
Après avoir passé les années 1970 dans une ambiance très détendue entre fête, espoir et théâtre, le Splendid a accédé à la notoriété via « Les Bronzés », comédie de Patrice Leconte sortie en 1978. Et si Christian Clavier, Josiane Balasko et consorts ont continué à collaborer ensemble par la suite, ils ont également chacun pris des chemins différents. Et en la matière, Thierry Lhermitte pense avoir été desservi par son physique.
Gérard Jugnot et Thierry Lhermitte, 2 destins différents après les « Bronzés »
Dans une interview accordée à La Tribune, il explique ainsi, interrogé sur son physique de beau gosse :
Je pense qu’il m’a plutôt desservi. Après « Le Père Noël » et « Les Bronzés », Gérard a immédiatement eu des propositions de rôles. Parce qu’en dehors de son physique exceptionnel il avait un physique remarquable, celui d’un petit bonhomme à moustache.
Quant à moi, il m’a fallu plus de temps, car je n’ai jamais voulu jouer des rôles de séducteur au premier degré. J’en étais incapable. Popeye (son personnage dans « Les Bronzés », ndlr), c’était un crétin, un imbécile. Et c’est amusant de jouer un imbécile. Être acteur, c’est accepter d’être ridicule, surtout en comédie.
Dans ce même entretien, Lhermitte s’est aussi ouvert pour la première fois sur la perception initiale troublante de certaines personnes à la sortie des « Bronzés », loin du statut de film culte actuel :
C’est le plus grand malentendu sur moi, l’interprétation de ce film. Personne n’avait compris le second degré de nos personnages. Un tiers pensait que l’on se moquait du Club Med, un autre tiers trouvait normal et n’était pas choqué que Popeye puisse peser les gonzesses, et le dernier nous traitait de beauf. Ce malentendu a persisté très longtemps.
Ce qui a également perduré, c’est la forte amitié entre tous les membres du Splendid. Plus d’un demi-siècle après s’être rencontré sur les bancs du lycée, et en dépit des inévitables tensions qui ont pu survenir ici et là, la troupe est toujours aussi soudée, animée d’un lien finalement assez indescriptible. Avec des étoiles dans les yeux, Lhermitte glisse ainsi :
C’est assez dingue, car encore 50 ans après, on ressent la même excitation qu’au début. Celle de vouloir rigoler, de se raconter des conneries… Notre complicité électrique reste intacte, et elle le restera jusqu’au bout.
Si chacun a pris des chemins différents après la période Splendid, de Thierry Lhermitte à Gérard Jugnot en passant par Marie-Anne Chazel, Christian Clavier et les autres, chacun a réussi à signer une bien belle carrière en solo. La preuve du talent irréfutable de la troupe, qui savoure aujourd’hui tant ces succès individuels que communs.