Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Personnalité à part dans le milieu du cinéma français, électron libre qui ne s’en cache pas, Mathieu Kassovitz est actuellement à l’affiche de deux projets. Pas franchement par passion, mais plus pour des motifs financiers, glisse celui qui préférerait « passer (son) temps à étudier la physique quantique ». Quoiqu’il en soit, le quinquagénaire est toujours aussi honnête… et notamment sur son comportement avec les femmes.
Voilà plusieurs mois que le cinéma français traverse une onde de choc. Les propos de Judith Godrèche en début d’année n’ont fait que mettre encore plus sur la table le sujet des agressions mentales et physiques dont de nombreuses actrices ont été victimes. Et bien évidemment, la polémique autour de Gérard Depardieu n’est pas non plus étrangère à cette prise de conscience.
Parmi ceux qui avaient réagi à l’affaire sur le monstre sacré du cinéma, on trouve un certain Mathieu Kassovitz. « C’est un ogre à qui personne n’a jamais dit ‘ça suffit’, alors il a continué », souffle le réalisateur de « La haine ». Kassovitz, lui, n’est pas exempt de tout reproche non plus. Et à la différence de beaucoup d’autres stars dans le même cas, il l’assume.
Mathieu Kassovitz évoque son évolution avec les femmes
Avec sa franchise habituelle, dans « Libération » puis dans « La Tribune », l’interprète de Malotru dans « Le bureau des légendes » a reconnu un comportement parfois inadapté, mais souligne son évolution :
Oui j’ai toujours aimé la drague, la séduction, les filles, comme un jeu. Je crois que j’ai compris ce sentiment de prédation que ressentent les femmes. A 56 ans, on est un peu moins con.
J’ai pu me comporter en gros con, mais ce sont les femmes qui m’ont aidé à m’améliorer. Celles qui m’ont dit : « Non, Mathieu, on ne fait pas l’amour comme ça, on ne dit pas ça à une femme ». Grâce à mes filles, je suis devenu un gentleman.
Pas naïf pour un sou, l’acteur de 56 ans ne nie pas certains problèmes dans le milieu du cinéma :
Je n’ai jamais compris l’attrait d’exercer son pouvoir sur un être plus vulnérable. J’ai dirigé très peu d’actrices, mais je sais comment ça peut se passer sur un tournage. Il suffit de pas grand chose pour que ça dérape.
Alors que faire pour les femmes victimes d’agissements déplacés ? Dans son style caractéristique, Kassovitz prône une solution radicale. La preuve :
Insultez ces mecs-là, ils ont des petites bites, ce sont des connards, ils sont insecure. Vous les insultez devant leurs copains, ils ferment tous leur gueule. Vous le faites une fois, ils ne le referont pas une deuxième fois.
J’ai manqué d’élégance, j’ai été malpoli avec les femmes. Il a suffi qu’une ou deux me mettent une tarte mentale – je n’ai jamais poussé le truc assez loin pour me prendre une gifle, enfin, je ne pense pas – en me disant : « Mais pourquoi tu me parles comme ça ? » Et tout d’un coup de me rendre compte de ce que c’est qu’une femme.
Conscient de son passé et de certains comportements qui ne sont aujourd’hui plus acceptés, Mathieu Kassovitz ne cherche pas à passer pour un saint. À la place, il reconnait ses erreurs et estime avoir évolué, au point de devenir un défenseur de la cause des femmes. Un parcours pour le moins intéressant.