Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Alors qu’il est de retour sur les planches après deux grosses frayeurs liées à sa santé, Pierre Arditi n’a rien perdu de son franc-parler et de sa hauteur de vue qui en font l’un des comédiens les plus appréciés des Français. Mais il fut un temps où la vie du septuagénaire aurait pu très mal tourner. La faute à une addiction qui a failli l’emmener dans les abysses…
Pierre Arditi est du genre excessif, et il ne s’en cache pas. D’ailleurs, dans sa jeunesse, une énorme désillusion amoureuse l’avait amené aux portes du suicide. Invité du plateau de « C L’Hebdo » récemment, il est revenu sur cet épisode survenu alors qu’il était âgé de 32 ans, encore très ému :
Je ne l’ai pas supporté, j’étais très jeune, je l’aimais profondément. C’était un samedi soir, il y avait beaucoup de monde dans la rue, j’étais devenu sourd et je ne percevais absolument plus rien. Ça m’a tellement fait souffrir que je suis rentré dans l’appartement dans lequel nous habitions et j’ai pris ce qu’il fallait pour arrêter la vie. C’est à dire des médicaments. C’est très compliqué pour moi de parler de ça, ça me redévaste 50 ans après.
Pierre Arditi dans les méandres de l’addiction
Ce côté impulsif, et cette manière de flirter avec la limite, Arditi ne s’en est jamais vraiment départi. C’est ainsi que plus tard dans sa vie, l’acteur doublement césarisé s’est totalement fait aspirer par son addiction aux jeux d’argent. Sur le plateau d’Europe 1, il a ainsi raconté :
À une certaine époque, je flambais. J’étais un vrai joueur, c’est-à-dire que j’allais jouer dans les cercles et dans les casinos.
Un jour mon narcissisme m’a sauvé parce que j’étais en train de me perdre. Je me suis dit : « Je mettrai peut-être dix ans à rembourser ce que je dois’ après l’avoir connement perdu et en ayant perdu la raison. J’ai mis effectivement dix ans pour m’en sortir.
J’ai commencé à inventer des excuses bidon pour ne plus aller travailler et retourner jouer en espérant me refaire. J’inventais des trucs pour emprunter, j’imitais des signatures…
C’est finalement un épisode bien particulier qui lui a fait se rendre compte de la folie dans laquelle il avait sombré, lui permettant de se débarrasser de cette addiction. Et attention, c’est effectivement allé loin, comme il le racontait à « Gala » :
Un soir, j’ai perdu l’argent des vacances. Mon épouse (Evelyne Bouix) et mon fils (Frédéric, né de sa précédente relation avec la défunte actrice Florence Giorgetti, ndlr) m’attendaient pour partir le matin même. En quittant le cercle, il me restait 50 balles […]
Entre 5 heures et 7 heures du matin, j’ai passé des coups de fil pour récupérer cet argent. J’ai une dernière fois menti. Défiguré, défait, croulant… Je me suis dit mon pote, il y a deux écoles : « Tu te tires une balle, ou tu arrêtes tout et tu rembourses ». Je n’avais pas aimé ma gueule dans le reflet du miroir.
Revenu de l’enfer dans lequel il s’était lui-même plongé, Pierre Arditi est aujourd’hui guéri de cette addiction pour le jeu. Loin de ce passé trouble, il n’a plus qu’un objectif du haut de ses 79 ans : rester en bonne santé, continuer à exercer sa passion, et profiter des siens. Un programme nettement plus sain !