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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Pionnier dans le slam français, et parolier dont la réputation n’est plus à faire, Grand Corps Malade est une personnalité aussi discrète qu’appréciée des Français. Récemment, Fabien Marsaud (son vrai nom, ndlr) a toutefois accepté de se confier sur ses lourds problèmes de santé, et sur le handicap dont il est victime. Avec sincérité et courage.
Connu pour sa voix profonde et ses textes toujours justes et polis dans les moindres détails, Fabien Marsaud est Grand Corps Malade aux yeux du public. Et à ceux qui se demanderaient l’origine d’un tel nom de scène, le texte ci-dessous tiré de sa biographie Wikipedia répond de manière brutale mais claire à la question :
Le 16 juillet 1997, alors qu’il anime une colonie de vacances, il fait un plongeon carpé suivi d’une descente à pic dans une piscine insuffisamment remplie. Sa tête heurte le fond, provoquant une fracture des vertèbres cervicales. Évacué en hélicoptère 6,7, il passe 3 mois en réanimation, avec une trachéotomie dont il garde la cicatrice, et se réveille presque entièrement paralysé.
Grand Corps Malade se livre sur son handicap
À force de travail et de courage, celui qui était âgé de 20 ans au moment de l’accident a vite retrouvé l’usage de ses mains, puis, après un an de rééducation, une partie de l’usage de ses jambes. Mais des séquelles persistent, et depuis, c’est avec une canne que l’homme se déplace. Dans un entretien à « Paris Match », il a décidé de se livrer sans fard sur cette situation évidemment compliquée :
Je vis avec un handicap important. Je ne peux pas marcher longtemps, les gestes les plus élémentaires ne sont pas évidents. Mon corps me pèse sur scène, où j’aimerais pouvoir sauter un peu partout, comme mes potes.
Quand tu es atteint comme ça par la vie, tu développes un courage un peu supérieur parce que tu n’as pas le choix. Mais je ne veux pas que cela se voie sur scène, je ne veux pas que les gens y pensent. Il savent que j’ai une béquille, mais ils sont passés à autre chose. Et c’est tant mieux.
Conscient qu’il restera impacté par son accident à a vie, le père de deux enfants entend bien conserver son sobriquet sur scène jusqu’au bout. Interrogé sur la possibilité de se faire à nouveau appeler Fabien Marsaud, comme dans sa jeunesse pré-accident, il explique :
C’est mon blase. Au-delà du handicap, il est totalement lié à mon activité artistique depuis le début. Quand, en 2003, pour la première fois, je suis allé slamer dans un bar, je m’appelais déjà comme ça. Mes films, je les ai réalisés sous le nom de Grand Corps Malade. Et puis, je l’aime bien ce nom, même s’il est chelou.
Grand Corps Malade le sait : il vivra avec son handicap durant le restant de ses jours. Son courage et son ouverture sur le sujet sont néanmoins à saluer, et permettent d’inspirer d’autres personnes dans une situation similaire à continuer à se battre. En tout cas, on a hâte de connaître le prochain projet de l’artiste !
