Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
De retour avec « Le chant est libre », son 11ème album, Patrick Fiori continue de solidifier un peu plus sa place parmi les chanteurs français de référence. Désormais plus ouvert sur sa vie personnelle, il s’est aussi épanché sur l’un des grands malheurs de sa vie, qui a fait naître un gros regret en lui. Avec franchise et émotion.
Un nouvel album, et un nouveau succès pour Patrick Fiori. Un peu plus de 30 ans après avoir été révélé au grand public avec sa 4ème place à l’Eurovision, l’interprète de « Que tu reviennes » peut être fier de son parcours, parfois cabossé, mais toujours droit. Et au-delà de ses chansons, c’est désormais l’homme que les Français apprennent de plus en plus à connaître.
L’énorme regret de Patrick Fiori vis-à-vis de sa famille
S’il est souvent assimilé à la Corse, d’où sa mère est originaire, Fiori puise aussi ses origines en Arménie via son père. Sa famille, les Chouchayan, est d’ailleurs l’une des rares rescapées du génocide qui a eu lieu il y a un peu plus d’un siècle. Dans l’émission « C’est au programme », le chanteur expliquait ainsi en 2015 :
C’est l’histoire de ma famille, et c’est mon histoire aussi. Moi, je suis un rescapé du génocide. Mon père a mis longtemps à nous en parler, parce qu’à aucun moment, il ne voulait que ce soit une arme pour nous. Je devais avoir 13, 14 ans et je sentais qu’il y avait une chape de plomb. C’était tabou.
Un jour, je l’ai attrapé, et je lui ai dit : « Maintenant, c’est important pour moi. Dis-moi ce qui vous est arrivé ». Là, il m’a expliqué qu’il y a eu une famille qui avait été oubliée dans un village lors du génocide arménien. Tout le village a été massacré.
Et la dernière maison, tout le monde était en train de prier autour du chaudron parce qu’on allait venir nous massacrer aussi… Sauf qu’ils nous ont oubliés. Ils ont oublié une maison, celle des Chouchayan (son vrai nom, ndlr).
Meurtri par ce passé et préoccupé par la situation dans le Haut-Karabakh, Fiori n’a pas caché son émission lorsque, sur le plateau de « Quelle Epoque » tout récemment, Léa Salamé lui a demandé son ressenti sur l’intronisation de Missak Manouchian au Panthéon. Avec l’immense regret de ne pas pouvoir emmener sa famille sur les terres de ses ancêtres :
Ce que j’ai ressenti, c’est surtout les histoires de ma famille, de la maison oubliée du côté du Haut-Karabakh qui aujourd’hui appartient aux Azéris. Des Turcs qui sont entrés dans ce village. J’ai revu tout ce que mon père m’a raconté sans jamais de haine, sans jamais pointer l’autre.
Je ne peux plus emmener ma famille. Je voulais les amener là-bas, mais je ne pourrai plus jamais.
Très marqué par l’histoire de sa famille, et par ce qu’il en a perçu à travers le récit de son père, Patrick Fiori vit mal le fait de ne pas pouvoir emmener sa femme et ses enfants sur les traces de son passé. Une cicatrice qui ne se referme pas, et sur laquelle l’artiste se montre de plus en plus loquace au fil des années.