Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Formé en 1974 dans son célèbre café-théâtre, la troupe du Splendid a donné lieu à certains des films cultes les plus marquants du dernier demi-siècle. Mais si les membres de la bande ont globalement toujours entretenu de bons rapports, la situation s’est nettement tendue à une seule reprise, en pleine gloire. Et c’était Michel Blanc qui était dans le collimateur.
Faut-il encore présenter le Splendid ? Voilà plus de 40 ans que les deux premiers volets des « Bronzés », « Le Père Noël est une ordure » et consorts passent à la télévision, toujours avec le même succès, indépendamment des générations. Il faut dire que Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot et consorts ont d’autant plus facilement écrit ces classiques qu’ils étaient très amis dans la vie. Toujours… ou presque.
Michel Blanc tancé par ses partenaires à la fin des années 1970
En effet, après le succès inattendu des « Bronzés », qui a propulsé le Splendid sur le devant de la scène, la troupe n’a pas tardé à mettre en route l’écrire d’un deuxième volet. Mais alors que tout le monde était partant, Michel Blanc s’est montré réfractaire. Un refus qui a cassé l’ambiance, et qui a tendu les relations pendant un bon moment, y compris sur le tournage.
Dans une interview accordée au site Première il y a quelques années, le principal intéressé ne l’a pas nié :
Je trouvais ça vulgaire d’écrire une suite aux Bronzés. Donc je n’ai pas participé à ce qui se révèlera être le meilleur des deux films ! (rires) Et, sur le plateau, l’ambiance n’était pas si bonne entre nous, comme si quelque chose s’était cassé. On m’en voulait forcément un peu et logiquement d’ailleurs d’avoir un peu d’avoir brisé la cohésion du groupe.
Les copains ont pu croire que j’avais pris la grosse tête. C’est d’ailleurs le seul moment de tension qu’on a connu. C’est cette situation qui m’a alors poussé à aller travailler comme acteur ailleurs. En l’occurrence donc sous la direction de Patrice Leconte, avec qui on a fait « Viens chez moi, j’habite chez une copine », « Ma femme s’appelle reviens », et « Circulez y’a rien à voir ! »
Dans ces films loin de la bande du Splendid, Michel Blanc a tout de même continué d’incarner un personnage inspiré par Jean-Claude Dusse, loser aigri. L’acteur explique ce choix par son envie, à l’époque du moins, de perdurer dans ce moule qui lui permettait de maximiser son potentiel comique :
Quand j’ai compris que Jean-Claude Dusse allait être pour moi, j’y ai tout de suite vu une chance. Jusque là, je n’avais pas encore trouvé mon emploi comique. Sur scène, par exemple, Gérard (Jugnot) faisait bien plus rire que moi. Quand je le remplaçais dans Le père Noël est une ordure, j’enchaînais bide sur bide !
Pour Jean-Claude Dusse, j’ai pensé à Woody Allen, à un personnage névrosé, physiquement fragile, qui, non seulement n’arrive pas à séduire, mais n’est même pas remarqué par les femmes. Avec ce rôle, j’avais donc trouvé mon rire et je l’ai en effet développé chez Patrice.
S’il a frustré ses partenaires du Splendid en refusant de prendre part à l’écriture des « Bronzés font du ski », film qu’il considère d’ailleurs comme supérieur au premier, Michel Blanc assume. D’ailleurs, ses petits camarades ne lui en ont pas tenu rigueur bien longtemps, et la troupe est encore amie à ce jour. En somme, tout est bien qui finit bien !