Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Avant de se faire un nom dans le MMA et dernièrement en tant que boxeur, Francis Ngannou a dû risquer sa vie en quittant son Cameroun natal pour rejoindre la France. Produit de l’immigration, il s’est épanché sur ce sujet avec une grande projection.
Contrairement à certains de ses homologues pour qui une carrière dans les sports de combat a toujours ou presque paru évidente, lui a dû cravacher ne serait-ce que pour la débuter. Le chemin de Francis Ngannou se voulait en effet tout sauf tracé. Né dans la petite ville de Batié, au Cameroun, il ne pouvait pas vraiment y prétendre à un avenir professionnel. Un contexte défavorable qui justifiait son départ vers la France.
Alors âgé de 26 ans, le Predator a pris le risque de laisser sa famille et ses proches derrière lui afin d’accomplir ses objectifs. Un choix payant, puisqu’il lui a permis de gravir sur sa terre d’accueil les échelons dans le MMA, puis devenir champion UFC et se réorienter avec succès dans le ring par la suite. Il parait dès lors bien placé pour soulever le dossier de l’immigration, ce qu’il a déjà fait par le passé.
Francis Ngannou imagine le futur de l’immigration
Lors de la conférence de presse d’après-combat de l’UFC 218, Ngannou avait apporté son soutien aux migrants libyens avec des mots forts :
À ce jour, en Libye, il y a des Africains qui cherchent simplement à émigrer parce qu’ils veulent une meilleure vie. Mais quand ils essaient de trouver une route vers l’Europe, ils sont traités comme des esclaves.
Je le vois à la télé et sur les réseaux sociaux, et ça me brise le cœur parce que j’ai aussi été un migrant. Je comprends ce qu’ils vivent.
Six ans plus tard, il a été invité à revenir sur ces paroles dans le cadre d’une vidéo de sa chaîne YouTube, et se montre assez optimiste en vue de l’avenir :
Je pense que d’ici 10 ans, l’immigration ne sera plus ce qu’elle est aujourd’hui. J’en suis très heureux parce que ces gens qui risquent leur vie pour migrer en Europe et qui sont traités comme des esclaves sur le chemin, qui meurent pendant ce périple méritent des opportunités. Ils cherchent juste un travail, une meilleure vie et l’Afrique aura très bientôt beaucoup plus d’opportunités à leur offrir.
Ça va pousser ces gens-là à rester en Afrique et à ne pas laisser leur vie derrière eux. L’Afrique est le futur.
Pour le colosse camerounais, le développement de son continent d’origine devrait permettre à ses habitants de ne plus chercher à le fuir, mais plutôt d’y accomplir leurs rêves. Une situation dont il aurait sans douté aimé bénéficier durant sa jeunesse.
Obligé de quitter le Cameroun pour vivre ses rêves, Francis Ngannou estime que les Africains n’auront pas à suivre son exemple pour obtenir la même réussite. Seul l’avenir dira s’il avait raison, ou s’il se montrait un peu trop utopiste.