Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Révélé en France à la fin des années 1990 après avoir fait ses armes dans sa Belgique natale, Benoît Poelvoorde entretient évidemment un lien particulier avec l’Hexagone. Il y a quelques années, d’ailleurs, il avait tenu à tordre le cou à une idée reçue sur le pays de Voltaire. Mais avec un peu de recul, avait-il vraiment raison ?
S’il n’est pas le plus Français de tous les Belges, il n’en est pas loin. À bientôt 60 ans, Benoît Poelvoorde a passé la majorité de sa carrière à tourner dans des productions françaises, qui lui ont notamment permis de réaliser ses plus beaux succès. Et parmi les films dont il est le plus fier, on retrouve « Au poste », réalisé par Quentin Dupieux et sorti en 2018.
Ce long-métrage teinté d’originalité, et inspiré, entre autres de « Buffet froid » et de « Garde à vue », deux classiques du cinéma français, a particulièrement plu à Poelvoorde. Grand fan d’absurde et de décalé, il expliquait d’ailleurs à Europe 1 avant la sortie du film :
L’absurde ne découle que de la réalité. Si vous regardez bien le film, tout est normal, tout est donné comme quelque chose de réel et ce qui nous fait extrêmement rire, c’est un tout petit décalage.
Benoît Poelvoorde prend position sur le cinéma français
Au final, « Au poste » a donné lieu à un succès critique, à défaut d’être un succès commercial (environ 230.000 entrées au total). Pour Poelvoorde, il s’agit-là d’une preuve que le cinéma français est bel et bien capable de produire des comédies originales et réussies, alors qu’il lui est souvent reproché de tomber dans la facilité et les navets.
Toujours au micro d’Europe 1, le natif de Namur avait ainsi affirmé :
On sait tous que le France est très très qualifiée pour la comédie. Mais de plus en plus, j’entends des gens dire les Français ont perdu la main. Ce film, c’est la preuve que la France ne perd pas la main sur la comédie.
6 ans après, le constat est mitigé. Si certaines comédies arrivent à la fois à séduire la critique et le grand public, elles se font rares au milieu de nombreux films sans inspiration, souvent axés autour d’acteurs populaires qui n’y livrent pas leurs performances les plus inspirées. Pour suivre le conseil de Poelvoorde, il conviendrait plutôt de viser l’originalité et l’ambition – deux mots pas toujours très présents dans les comédies à l’écran.
Pour rester positif, pointons tout de même quelques uns des projets qui ont su donner satisfaction sur les 10 dernières années. Outre les films « grand public » comme la saga des « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu », on peut citer, dans un registre plus fin, « Le sens de la fête » d’Olivier Nakache et d’Eric Toledano. Mention spéciale, aussi et entre autres, à « La loi de la jungle » d’Antonin Peretjatko.
Benoît Poelvoorde ne nie pas le terroir fertile que la France représente pour les comédies, mais sous-entend qu’une plus grande ambition est nécessaire pour faire perdurer cette tendance. C’est donc tout naturellement que celui qui a souvent déclaré « ne pas croire à la normalité » a apprécié de tourner dans « Au poste », film aussi décalé que drôle et réussi. On en demande néanmoins d’autres, trop rares depuis 6 ans !