Julie Gayet (51 ans) donne son avis très honnête sur Gérard Depardieu :  « Je ne veux pas…

Gérard Depardieu et Julie Gayet
TF1 (DR) / France TV (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Si Gérard Depardieu est empêtré dans de graves accusations d’agressions sexuelles, il n’est pas le seul à avoir été visé ces dernières années. En fait, c’est tout le milieu du cinéma qui traverse une tempête, sur fond de prises de parole courageuses d’actrices ayant été abusées. Dans ce contexte, Julie Gayet a accordé une rare interview, évoquant notamment le cas Depardieu avec honnêteté.

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Elle est une voix qui porte dans le cinéma français, alors forcément, lorsqu’elle choisit de s’exprimer sur un sujet aussi épineux que celui des abus dans le milieu, on l’écoute. Interrogée par Le Journal, Julie Gayet le clame haut et fort : « Le système est très violent pour celles qui parlent ». Judith Godrèche est une d’entre elles, puisqu’elle a pris la parole récemment à ce sujet. Une initiative saluée par Julie Gayet, qui a étayé son propos et pris l’exemple du cas Depardieu :

Ces agresseurs sont aussi le produit d’une mentalité, d’une manière d’être, d’un système de représentation qui minimise leurs agissements. C’est ce qui me gêne quand on se contente de mettre des noms en avant, en désignant des coupables comme des sortes de monstres, en oubliant le phénomène général, l’esprit ambiant, qui prépare et autorise les agressions.

Par exemple Depardieu. Tout à coup, on n’a plus parlé que de lui, on a même oublié au passage la loi sur l’immigration pour tout focaliser sur lui. Or le monde de la culture est responsable. Certes, il faut sanctionner les coupables une fois que les délits sont établis. Mais il faut surtout changer les mentalités, mettre des garde-fous, s’attaquer au système.

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Julie Gayet clarifie ses propos sur Gérard Depardieu

Par le passé, déjà, la femme de François Hollande avait indiqué qu’à ses yeux, « Depardieu n’était pas le problème », estimant que c’est le système entier qui devait être attaqué. Elle a ainsi profité de ce nouvel entretien pour préciser son propos :

Oui, j’avais dit qu’il ne fallait pas tout ramener à Depardieu, que je n’étais pas là pour donner des noms ou pour dire : « untel est un salopard ». Du coup, on m’a reproché de ne pas être une « bonne féministe ». En fait, j’avais parlé dans l’entretien de bien d’autres sujets, notamment en expliquant tout ce que nous avions mis en place pour changer les choses, mais seul ce bout de phrase a été conservé dans le documentaire. J’ai écrit ensuite un texte pour donner ma position :  je soutiens toutes les femmes qui portent plainte, car je les écoute et je les crois.



Mais je ne veux pas entrer dans ce jury populaire, dans ce lynchage public, car l’important est que le cinéma se remette en question. Nous sommes toutes et tous responsables. Nous avons laissé faire pendant des années. Nous avons laissé faire les réalisateurs, les producteurs qui ont tout le pouvoir, sans jamais dire “stop”. Il fallait dire “stop” à Gérard Depardieu depuis bien longtemps. Voilà.

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Elle-même confrontée à des comportements inappropriés dans sa jeunesse, Julie Gayet souligne avoir toujours été très prudente, avec la peur de l’agression toujours « profondément ancrée » en elle. Et quand on lui demande à quel moment on devient complice de certains agissements, elle propose une réponse éclairante :

C’est une question difficile. À ce moment-là, on savait beaucoup de choses – je savais moi aussi certaines choses – sans rien en dire, sans intervenir et encore moins protester. Comme beaucoup de femmes. C’était une période où on vivait ce harcèlement comme un mal inévitable, comme un fait courant contre lequel on ne pouvait pas grand-chose et auquel on finissait presque par s’habituer. C’est pour cela que celles qui disent : « Mais moi, il ne m’est rien arrivé », finissent par m’horripiler. La vague #metoo a montré que c’était un phénomène massif.

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Plutôt que s’acharner sur Gérard Depardieu, comme certains l’ont fait à de multiples reprises ces derniers mois, Julie Gayet prend de la hauteur et veut que la situation soit traitée dans son ensemble : au-delà du seul cas de l’interprète de Cyrano, c’est un système tout entier qui doit être remis à plat. Une parole courageuse, qui va dans le bon sens, et qui, espérons-le, fera bouger les lignes.

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