Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Bercé par les exploits de Michael Jordan durant sa jeunesse, LeBron James n’a jamais caché son admiration pour lui. Et pourtant, lorsqu’il lui avait été conseillé d’imiter les exploits de His Airness en 2016, sa réplique s’était voulue sans appel.
De manière assez symbolique, seulement 65 jours séparent la date des grands débuts de Michael Jordan en NBA de celle de la naissance de LeBron James. Autant dire que ce dernier a véritablement grandi devant les prouesses de son illustre aîné. Pas étonnant, dès lors, qu’il se soit placé comme l’un de ses plus grands fans, avant de devenir des décennies plus tard son plus grand rival dans le débat du GOAT.
Quand LeBron retoquait sec une filiation avec Jordan
Afin de lutter pour le titre de meilleur joueur de l’histoire, James a évidemment dû accumuler des titres. Celui acquis en 2016 avec les Cavaliers reste sans doute le plus mythique. Il faut dire que son équipe accusait un retard de 0-2 en Finales face à Golden State. C’est d’ailleurs le moment qu’avait choisi Phil Jackson pour comparer cette situation avec celle vécue par Jordan lors des finales de conférence Est de 1993 :
Ça a provoqué quelque chose chez Michael Jordan. Il a appris à enfiler sa cape de Superman. Après ça, il était possédé. Je pense qu’il va falloir que LeBron fasse la même chose. Il va devoir mettre sa cape et dire, « Je vais devoir prendre mes responsabilités souvent dans cette série et faire des choses qui vont au-delà de mes capacités normales. » Jusqu’ici, c’est un joueur d’équipe, mais il doit faire plus.
Un conseil qui pouvait à l’époque s’entendre, puisque le King s’était révélé quelque peu décevant sur les deux premiers matchs de cette série. Pratiquement en triple double, il ne tournait néanmoins qu’à 21 points et 8 tirs inscrits par rencontre. Mieux valait donc qu’il se transcende comme MJ avait pu le faire 23 ans plus tôt. Cependant, lorsque ces propos lui ont été rapportés, Bron n’a pas du tout semblé les apprécier :
Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Je pense que je suis quelqu’un qui respecte le jeu, qui joue aussi dur que possible et qui essaie de mener mon équipe. Voilà qui je suis. Personne d’autre. Je ne suis pas Michael. Je ne suis pas (Mohamed) Ali. Je ne suis pas quiconque a fait de grandes choses pour le sport. Je suis qui je suis et si j’arrive à sortir un match comme ça, ce ne sera pas parce que je serai possédé.
Ce sera simplement parce que j’aurai travaillé toute la saison pour ça et ce sera le résultat. Phil est un grand coach, Mike est un grand joueur, mais je suis qui je suis.
Attaché au fait de rester fidèle à lui-même, LBJ a semble-t-il eu raison au vu de la suite des événements. Il a ainsi joué un rôle immense dans le comeback historique des Cavs, revenus d’entre les morts pour devenir champions cette année-là.
Bien que dos au mur, LeBron James n’avait visiblement aucune envie de se muer en Michael Jordan lors des Finales 2016. Un entêtement qui a fini par porter ses fruits, et qui lui a permis de s’offrir la 3ème bague de champion de sa carrière.