Par Guillaume K. | Journaliste sportif
Gregg Popovich, comme de nombreux entraineurs historiques dans d’autres sports, peine à s’adapter à la nouvelle génération et à retrouver le succès du passé. Il a expliqué pourquoi avec un constat édifiant sur le système de formation aux États-Unis.
La culture de l’instant n’est jamais la plus exacte, et encore plus dans le sport de haut niveau, mais Gregg Popovich est en train de perdre un peu de sa superbe chez les Spurs. Pendant de longues années, le maitre à penser de la dynastie a merveilleusement mené ses hommes à des titres, ou au moins à des très belles places dans la conférence Ouest…
Malheureusement la magie semble avoir quitté cette partie du Texas et San Antonio s’apprête à vivre une cinquième saison de suite sans playoffs. Pour des fans de plus en plus nombreux, l’entraineur n’est pas totalement exempt de reproches, puisqu’il prend des décisions assez lunaires et n’arrive pas à trouver la formule pour mettre Victor Wembanyama dans les meilleures dispositions.
Popovich explique le manque de fondamentaux de ses joueurs
Forcément interrogé sur sa peine avec la nouvelle génération, l’homme aux 5 bagues a été plutôt clair. Pour lui, la difficulté à mettre en place un système dans une équipe jeune vient du fait que ceux qui sortent de l’université ne connaissent plus les bases même de ce sport. Il doit donc combler les lacunes de chacun avant de pouvoir imposer sa vision :
Aujourd’hui on doit passer plus de temps à apprendre les fondamentaux aux jeunes joueurs que par rapport à l’époque où j’entrainais une équipe qui visait le titre. À cette époque on travaillait plus la prise de décision pendant les matchs, le fait de savoir quand appeler un système, quel système, on perfectionnait les rotations. Tout tournait autour de l’aspect stratégique d’un match, c’était comme une partie d’échec.
À l’époque les gars savaient ce qu’ils faisaient et ils maitrisaient déjà leurs fondamentaux. Nous ne sommes plus à ce niveau. On doit parler du positionnement sur le terrain, la gestion de l’espace par rapport au ballon et aux défenseurs, de toutes les choses que tu apprends à l’université, mais de nos jours ils n’y vont plus. Ou 1 an au maximum. C’est différent, je ne peux plus parler des matchs.
Pour Gregg Popovich, les joueurs qui passent aujourd’hui par la NCAA ne connaissent plus les bases du basket, car ils ne restent pas assez longtemps dans cette phase de formation. Il récupère donc des talents bruts à qui il doit tout inculquer… On comprend mieux pourquoi les Européens, qui évoluent très tôt dans un jeu structuré et intellectuel, dominent aujourd’hui Outre-Atlantique.
Gregg Popovich a dressé un constat assez sec de la situation aux États-Unis. Son métier change inévitablement, puisqu’il ne peut plus apprendre à ses joueurs à lire le scénario d’un match, il doit d’abord leur apprendre les bases du basket et de la tactique.