Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Désormais reconvertie en chroniqueuse et en consultante sur C8, Ségolène Royal a d’abord connue une longue carrière dans le milieu de la politique. Elle y a notamment exercé plusieurs mandats dans des ministères, dont un qui lui a été confié de manière assez douteuse par Lionel Jospin, alors chef du gouvernement. Explications.
Après avoir raté le coche en 2007 face à Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal n’a jamais atteint à nouveau les sommets qu’elle avait tutoyés. Ministre pour la dernière fois en 2017, celle qui est désormais ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique s’est reconvertie en commentatrice de l’actualité politique, plutôt qu’en actrice. Mais ça n’a pas toujours été le cas.
Ségolène Royal balance des propos limite de Lionel Jospin envers elle
À la fin des années 1990, par exemple, l’ancienne compagne de François Hollande était ministre déléguée au ministère de l’Education. Mais lorsque le ministre Claude Allègre a été débarqué, Ségolène Royal a été informée qu’elle prenait également la porte (« il va être vexé si tu restes au gouvernement », lui avait-on glissé).
Comme elle l’a raconté sur le plateau de C8, la principale intéressée avait alors remballé ses affaires et coupé son téléphone. Lorsqu’elle l’a rallumé ? Plus de 10 appels en absence de Lionel Jospin, qu’elle a donc rappelé. Et la suite de la conversation a de quoi laisser songeur…
Il me dit : « Voilà, j’ai oublié de nommer le ministre de la Famille, donc toi avec tes quatre enfants, tu feras l’affaire ». Et avant de raccrocher, il me dit : « Au fait, j’ai oublié aussi les handicapés. Tu seras ministre de la Famille et des Handicapés ».
Autant dire que le Premier ministre, visiblement débordé, n’avait pas fait preuve d’une grande considération ni pour les familles, ni pour les personnes handicapées, ni pour Ségolène Royal, qu’il a rapidement renvoyée à sa situation familiale. Bien des années plus tard, la femme politique est d’ailleurs toujours aussi marquée lorsqu’elle raconte l’histoire.
De manière plus générale, ça n’a jamais été l’amour fou entre les deux figures de gauche. C’est ainsi qu’après l’énorme fiasco de 2002, qui a vu Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen se qualifier au second tour de l’élection présidentielle au détriment de Jospin, Ségolène Royal enfonçait le clou :
Si Jean-Pierre Chevènement et Christiane Taubira ont été candidats il y a bien une raison. Ce sont une femme et un homme de conviction. Et s’ils estiment qu’ils ont des choses à défendre, c’est qu’ils ne se retrouvent pas dans ce qu’a fait Lionel Jospin quand il était aux responsabilités ». Donc c’est le manque de respect de Lionel Jospin à leur égard et le manque de prise en considération de leurs convictions qui expliquent leur candidature. Et pas l’inverse.
L’envers du décor du monde politique n’est parfois pas reluisant, et il est certain que les propos de Lionel Jospin à Ségolène Royal ne le grandissent pas. Un faux pas de la part de celui qui, malheureusement pour lui, restera dans l’histoire comme le candidat vaincu ayant permis la première accession du Front National au second tour de l’élection présidentielle.