Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Présentateur des journaux télévisés sur France 2 depuis bientôt 17 ans, Laurent Delahousse est un poids-lourd du service public, solidement installé sur son fauteuil. Et si ses prises des paroles dans les médias se font plutôt rares, il a profité d’un passage tout récent sur France 5 pour révéler qu’il devait se faire violence depuis 15 ans. Explications.
Il est difficile d’avoir de la longévité dans la présentation de journaux télévisés à une heure de grande écoute. Mais pour Laurent Delahousse, ça n’a jamais été un problème. Valeur sûre tous les week-ends sur France Télévisions, le quinquagénaire continue de donner satisfaction au public et à sa chaîne. Il s’est même diversifié avec d’autres émissions, telles que « 20h30 le dimanche ». En bref, tout roule.
Mais parce que les journalistes tendent par nature à souvent être insatisfaits de ne pas pouvoir braver les interdits que leur profession exige, Delahousse reste tout de même un peu sur sa faim. Et c’est lors d’un passage sur le plateau de ses confrères de « C A Vous » qu’il l’a expliqué ce vendredi soir.
Laurent Delahousse explique « se retenir depuis 15 ans »
Pour le natif de Croix, dans le Nord, la singularité du journal de 20 heures réside dans sa neutralité absolue, à l’heure où le journalisme est progressivement devenu un journalisme d’opinion :
Le journal de 20 heures est sacré, entre guillemets. C’est un rendez-vous institutionnalisé depuis très longtemps qui est devenu un rendez-vous pour les Français qui a un gage de responsabilité et d’équilibre.
On est rentrés dans un journalisme d’opinion aujourd’hui. Sur les plateaux de télévision, il y a des gens qui vous parlent du Covid, de la guerre en Ukraine, de l’âge du Premier ministre, et puis d’autres choses encore. Nous, on se doit d’être en retenue.
Pour cette raison, évidemment louable puisqu’elle renvoie à la définition même de ce que doit être le journalisme, Delahousse freine ses instincts depuis 15 ans désormais. C’est ce qu’il a confié sans détour, assumant « se retenir » :
Je ne peux pas exprimer mes opinions sur un plateau de télévision. C’est absolument impossible. Ça fait quinze ans que je me retiens.
Très honnête, il a ensuite expliqué percevoir cette obligation de retenue totale comme « un handicap ». Mais il s’y tient, comme tous ses homologues présentateurs de JT de 13 heures et de 20 heures (à l’exception de Jean-Pierre Pernaut qui donnait souvent son avis). Delahousse conclut :
C’est aujourd’hui compliqué d’exercer un métier qui est celui de journaliste, mais, compte tenu de ce statut du journal de 20 heures, de ne pas pouvoir parfois exprimer ses opinions.
Respectueux du principe d’équilibre et de neutralité qu’impose la présentation du 20 heures, même s’il aimerait entrer de plain-pied dans cette ère du journalisme d’opinion comme de nombreux journalistes, Laurent Delahousse reste fidèle à ce qui lui est demandé. Un effort pour lui, qu’il gère toutefois plutôt bien, puisqu’il est bien difficile de dire pour quel bord politique penche son coeur.