Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
50 ans après son tout premier rôle au cinéma, Daniel Auteuil s’est imposé comme l’une des références en la matière. Mais son très beau parcours ne lui empêche pas de nourrir quelques regrets, dont un qu’il a particulièrement du mal à digérer. Alors il essaie de rattraper le temps perdu au crépuscule de sa carrière.
Après avoir allègrement passé le cap des 70 ans, Daniel Auteuil est bien conscient que le plus gros de sa carrière est derrière lui. Retiré dans le sud, l’acteur profite désormais surtout de sa femme Aude, dont il est éperdument amoureux, et de sa famille. Il continue pour autant d’être actif, mais dans un registre différent : estimant avoir « fait le tour du sujet » vis-à-vis du statut d’acteur, le natif d’Alger s’est lancé dans la réalisation et dans la chanson.
Avec 4 films derrière la caméra à son actif lors de la dernière décennie, dont « La fille du Puisatier », Auteuil a rapidement montré son talent dans cette nouvelle activité de réalisateur. Ce que l’on ne savait pas, en revanche, c’est ce que cette casquette, comme celle de chanteur d’ailleurs, permet à l’ancien mari d’Emmanuelle Béart d’exorciser un vieux démon.
Daniel Auteuil à coeur ouvert sur le grand regret de sa carrière
Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche, l’éternel interprète de Bébel dans « Les sous-doués » a en effet révélé le gros manque de sa carrière :
J’aime surtout l’idée d’être un chef de troupe avec des comédiens sur un tournage ou des musiciens sur scène. C’est sans doute ce qui m’a le plus manqué dans ma carrière : toute ma vie, j’ai rêvé d’être dans une troupe.
Malheureusement, et avec une pointe d’humour, Daniel Auteuil confesse ne jamais être parvenu à ses fins de ce point de vue :
On ne m’a jamais pris nulle part, ni au Conservatoire, ni à la Rue Blanche, ni au Splendid.
Autodidacte par excellence dans un milieu où ce n’est pas forcément courant, il a donc décidé, du haut de ses 73 ans, d’aller chercher cet esprit de troupe qui lui a toujours fait défaut. Bien conscient qu’il n’a de toutes façons plus rien à prouver à personne, à part peut-être à lui-même, l’acteur nommé 14 fois aux Césars voit les choses avec philosophie :
Je cherche désormais à faire des choses dont on rêvait, mais dont on pensait qu’elles vous étaient interdites. Tant que j’ai des projets, rien ne peut m’arriver.
Malgré son immense carrière à succès, Daniel Auteuil n’a jamais été pleinement rassasié au cinéma. C’est donc cet esprit collectif, ce sentiment d’appartenance à une troupe qu’il s’évertue désormais à chercher, en tant que réalisateur et en tant que chanteur. Avec la ferme intention d’assouvir ce manque.