NBA – « À l’époque, la plupart des joueurs noirs étaient racistes »

Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif

Si elle prône de nos jours la diversité culturelle et fait figure de symbole en la matière, la NBA n’a pas toujours honoré cette valeur. Au moment d’évoquer Larry Bird, une icône des Celtics a ainsi dénoncé le racisme dont lui et ses coéquipiers pouvaient faire preuve.

Les noms de Chuck Cooper, Nat Clifton et Earl Lloyd ne vous disent peut-être rien. Pourtant, tous ont marqué l’histoire de la NBA en devenant les premiers joueurs noirs draftés, signés et ayant évolué dans la ligue. Ce, à une époque où la ségrégation raciale battait encore son plein aux États-Unis. De quoi marquer un tournant au sein d’une organisation dont la population afro-américaine se veut désormais majoritaire.

Larry Bird victime de racisme chez les Celtics ?

Cela fait maintenant plusieurs décennies que la NBA fait la part belle aux joueurs noirs, qui composent environ 70% de son roster. Une observation qui s’appliquait déjà en 1979, année durant laquelle Larry Bird a rejoint les rangs des Celtics. Une arrivée au sein de la franchise réalisée dans un contexte particulier, comme se le remémore son ancien coéquipier Cedric Maxwell dans un entretien pour AllBasketballTV :

Cedric Maxwell : Je pense qu’on pourrait dire qu’à l’époque, la plupart des joueurs noirs étaient racistes, dans le sens où on ne pensait pas qu’un joueur blanc était capable de mieux jouer qu’un noir.

Dès lors pris de haut par la plupart de ses nouveaux partenaires, Bird ne l’avait pas forcément mal pris selon ses dires :

Larry Bird : Le premier jour du training camp, ces gars-là étaient par terre en train de s’étirer et ont dit, « Voilà le sauveur blanc ! » J’ai en quelque sorte apprécié, parce que je savais que j’allais devoir batailler contre eux toute la journée.

Paré pour ce genre d’accueil, Larry Legend a vite fait comprendre à Maxwell et consorts de quel bois il se chauffait lors de ce premier entrainement :

Cedric Maxwell : Je pensais qu’il était lent et qu’il n’était pas capable de prendre un tir. Il n’était pas si puissant non plus, donc je m’attendais à un layup de sa part. Bam, il a mis un premier jumpshot. À ce moment-là, je me suis dit que ce n’était peut-être que de la chance. Bam, il a planté un autre jumpshot. Après ça, j’ai compris qu’il fallait que je défende plus dur sur lui.

À six mètres du panier, bam. Derrière la ligne à 3 points, bam. C’est là que je me suis dit, « Mince, ce gamin blanc joue vraiment bien ! »

La suite des événements est connue de tous et a vu Bird signer l’une des carrières les plus glorieuses de l’histoire. Ce, pour le plus grand bonheur de Maxwell, vainqueur de deux titres de champion à ses côtés.

Malgré ses exploits réalisés sur les parquets NCAA, Larry Bird a dû prouver sa valeur aux Celtics… à cause de sa couleur de peau. Avec du recul, Cedric Maxwell reconnait que cela peut être perçu comme du racisme, ce qu’il a rapidement regretté.