NBA – « Je n’ai pas sifflé une faute sur Kobe. Il m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit…

Par Joël Pütz | Journaliste sportif

Kobe Bryant était un compétiteur absolument incroyable, ce qui impliquait qu’il était particulièrement exigeant avec tout le monde. Ça concernait ses coéquipiers, ses entraîneurs mais aussi les arbitres, comme l’un d’entre eux l’a partagé il y a quelque temps. Une bévue de sa part lui avait valu de sacrée remontrances !

En termes d’éthique de travail, impossible d’arriver ne serait-ce qu’à la cheville de Kobe Bryant. Désireux d’exceller dans tous les domaines du basket-ball, l’arrière bossait comme un acharné et étudiait tout ce qui lui passait sous la main. Ça concernait la gestion de son corps ou encore sa palette technique bien sûr, mais aussi le règlement et le travail des arbitres comme il l’avait confié dans son autobiographie :

J’ai pris soin de lire le manuel de l’arbitre. L’une des règles que j’y ai apprises est que chaque arbitre a un emplacement désigné où il est censé se trouver sur le terrain. Si le ballon, par exemple, se trouve à l’endroit W, les arbitres X, Y et Z ont chacun une zone qui leur est assignée sur le terrain et où ils doivent se situer.

Kobe Bryant sans pitié avec les erreurs d’arbitrage

L’explication est logique puisque de cette façon, le corps arbitral garde toujours une vue d’ensemble sur ce qui se passe, y compris les actions loin du ballon. Sauf qu’on parle d’être humains et qui sont donc sujets à l’erreur, comme ce fut le cas avec Zach Zarba au début des années 2000. Comme il l’a expliqué au New York Times, il s’était alors rendu coupable d’un raté dans l’arbitrage… et Kobe n’avait pas apprécié du tout.

Je me souviens d’un match où Kobe a posé une question sur une action. Il pensait qu’il avait été victime d’une faute sur le coude lors d’un tir. Il nous a aboyé dessus à ce sujet. La culture de la NBA veut que, pour nous, si une action se produit pendant la première mi-temps, vous pouvez aller voir la vidéo à la mi-temps, regarder l’action, revenir et dire soit « Oui, tu avais raison », soit « Non, tu avais tort ».

En l’occurence, Kobe avait bien été victime d’un coup et j’avais raté ça, il aurait dû y avoir une faute. Je reviens sur le terrain, je m’approche de Kobe et je lui dis : « Kobe, tu avais raison. Tu as été touché au coude ». Il m’a regardé sans rien dire et je m’attendais à ce qu’il me donne une tape sur les fesses ou quelque chose du genre. Il m’a regardé droit dans les yeux d’un air impassible et m’a dit : « Reprends-toi ».

En tant que compétiteur hors pair, peut-être l’un des plus grands de l’histoire du sport, Vino ne supportait pas qu’on ne soit pas systématiquement à son meilleur niveau. Ultra-exigeant envers lui-même, il l’était également envers les autres et les arbitres ne faisaient évidemment pas exception. D’autant plus quand c’est lui qui est victime d’une erreur de jugement, ce qui frustrerait n’importe quel joueur.

Se faire remonter les bretelles par Kobe Bryant, ça doit être un moment assez difficile à vivre quand on connaît le Mamba et sa façon de s’exprimer. Le quintuple champion de faisait jamais dans la dentelle… Ça doit encore plus piquer quand on est arbitre, puisque votre rôle est de faire respecter les règles et empêcher les fautes.