Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Rôle principal de nombreux films qui ont marqué l’histoire du cinéma français, Gérard Jugnot a peut-être signé sa plus belle partition dans « Les choristes », film culte sorti en 2004. Mais derrière la fabuleuse histoire de ce long-métrage, et le succès qui en a découlé, l’acteur ne garde pas un grand souvenir du tournage. Explications.
« Les choristes », c’est d’abord l’histoire d’un pari. Songez d’ailleurs que ce chef-d’oeuvre, plein de maturité, n’était que le tout premier film du réalisateur Christophe Barratier ! Un coup de maître qui doit également beaucoup à la distribution, à commencer par Gérard Jugnot. Excellent sous les traits de Clément Mathieu, le Parisien a porté une bonne partie du long-métrage sur ses épaules. Avec succès.
Gérard Jugnot cash sur les contrariétés pendant le tournage des Choristes
Plus de 8 millions de spectateurs en salle en France, 15 millions au total dans le monde, et un statut de film culte deux décennies plus tard : pas de doute, l’opération est une réussite totale. Pourtant, le tournage durant l’année 2003 s’est déroulé de manière éreintante en raison de plusieurs facteurs. Dans « C A Vous », Jugnot a ainsi soufflé :
Le film est parti très mal : il y avait la canicule, il y avait des grèves, on a changé des acteurs qui n’arrivaient plus… ça a été une catastrophe. Et puis au fur et à mesure, ça s’est transformé, c’était le premier film de Christophe.
S’il est inutile d’expliciter la canicule de 2003, ainsi que les renoncements de certains acteurs, les grèves évoquées étaient celles d’intermittents du spectacle, ce qui a particulièrement perturbé le tournage.
Pour autant, Jugnot et Barratier se sont battus, car ils avaient flairé que ce film avait un potentiel illimité ou presque. L’ancien du Splendid explique :
C’est un petit film, on a eu du mal à le monter, mais quand même au fur et à mesure, il y a eu des choses… Je me suis retrouvé avec le petit Maunier qui chantait et je me suis dit… J’avais un peu les poils, ça peut marcher ! Et on m’a dit après qu’il y avait 5 millions de gens qui chantaient dans les chorales, et le côté ‘chanter ensemble’, le chœur, ça fait vibrer les gens en même temps. On aurait bien besoin de ça en ce moment.
Une intuition qui s’est révélée être la bonne, mais qui n’était pas partagée par un autre acteur majeur du film en la personne de Kad Merad. Impitoyable dans son costume de Chabert, le professeur de sport, l’acolyte d’Olivier Baroux n’a pas caché qu’il avait des doutes. Toujours sur le plateau de « C A Vous », mais lors d’une émission précédente, celui qui partage la vie de Julia Vignali avait confié :
C’est Jugnot lui-même qui m’a reçu la première fois. Et comme évidemment je ne faisais pas de cinéma, c’est lui qui m’a un peu « drivé ». Je remercie d’ailleurs Gérard Jugnot. Bref, on le fait ce film, mais je n’y crois pas ! Je me dis : « Quand même, les chorales, c’est fini ! » Et c’est devenu un phénomène de société.
Malgré les difficultés rencontrées durant le tournage, Gérard Jugnot et Christophe Barratier ont signé l’un des films les plus probants du 21ème siècle, dont la trace dans l’histoire est déjà établie. Une réussite dont les deux hommes peuvent être très fiers, à l’heure où le cinéma française peine à reproduire ce genre de projet.