Véritable légende vivante de la musique française, Jean-Jacques Goldman est désormais universellement apprécié ou presque pour sa musique, sa personnalité et son engagement au service de nobles causes. Il fut toutefois un temps, dont les plus anciens se souviennent, où l’artiste n’avait pas la cote auprès d’une certaine presse. À bout, il avait alors dérapé…
De « Là-bas » à « Envole-moi » en passant par « Je te donne » et des dizaines d’autres tubes qui ont marqué l’histoire de la musique française, Jean-Jacques Goldman est considéré par de nombreux observateurs comme l’un des artistes les plus influents des 50 dernières années en France. La preuve ? Même s’il a disparu de la sphère publique depuis 20 ans, il est toujours aussi adoré des foules.
Il faut dire que l’auteur-compositeur-interprète est un personnage à part dans le milieu du showbiz. Absolument pas intéressé par la gloire et les paillettes, maîtrisant parfaitement sa communication en toutes circonstances depuis ses débuts, Goldman n’est pas du genre à faire des vagues. Une fois, pourtant, il a dérapé de manière incompréhensible.
Le seul dérapage incontrôlé de la vie de Jean-Jacques Goldman
Pour comprendre les racines de cet épisode très malheureux, il faut remonter à l’apogée de la carrière de l’artiste. Car s’il paraît aujourd’hui évident de saluer le génie du natif du 19ème arrondissement de Paris, sa musique a très longtemps été massacrée par certains critiques – et notamment de gauche, son bord politique.
Forcément touché par ce flot incessant de critiques, parfois très violentes et personnelles, Goldman décidait en décembre de 1985 de publier dans Libération un florilège des articles les plus mesquins à son endroit. Dans son livre « Goldman », Ivan Jablonka rapporte la pensée du chanteur à cet instant :
Convaincus que le succès est incompatible avec le talent, ces journalistes sont encore incompétents, mais encore lâches, car ‘ils ne tapent sur toi que quand tu es fragile’.
Jusqu’ici, tout va bien. Mais c’est ensuite que Goldman a totalement dérapé, avec des propos très surprenants venant de sa part :
Mais, conclut Jean-Jacques Goldman, on ne va pas faire couler le sang pour si peu, d’autant qu’ils sont ‘sûrement séropositifs’ – unique dérapage d’un homme à bout.
Au beau milieu des années 1980, alors que le SIDA faisait rage et déferlait sur une bonne partie du monde, une telle remarque était évidemment discriminatoire, totalement hors propos, et comportait de sérieux relents homophobes. Les réseaux sociaux n’existant pas encore, Goldman avait pu sortir de cet épisode sans trop de séquelles sur son image. Un coup de chance pour lui au regard de ce craquage.
Si Ivan Jablonka concède volontiers que Jean-Jacques Goldman était alors « à bout » face aux critiques et à la pression, rien ne justifie de tels propos. Nul doute, d’ailleurs, que l’artiste est aujourd’hui le premier à regretter d’avoir prononcé ces paroles décidément bien regrettables.