Référence à la présentation du journal télévisé pour toute une génération, Claire Chazal figure parmi les personnalités les plus respectées de son milieu. Plus discrète ces dernières années, elle a toutefois tenu à livrer le fond de sa pensée sur tout un pan de la société récemment, et notamment sur une certaine branche du féminisme. Quitte à déplaire.
Le féminisme dit « extrême » est-il la solution pour faire avancer la cause des femmes ? Comme de nombreuses autres femmes de lettres, Claire Chazal ne le pense pas. Et alors qu’Eric Dupond-Moretti fait la polémique pour avoir souligné que « parmi les journalistes femmes qui (l)’ont interrogé, personne n’était seins nus » lors d’une visite visant à condamner les dégradations commises lors d’une manifestation où figuraient de nombreuses féministes seins nus, la journaliste a pris sa défense.
Interrogée par « Buzz TV Le Figaro » (entretien à retrouver ici en intégralité), elle a ainsi minimisé ces propos qui ont pourtant été condamnés par plusieurs sociétés de journalistes :
On le sait bien, il est fort en gueule, il s’exprime avec sa faconde, ses images personnelles. Pardon de dire ça, mais c’est presque dérisoire, je ne pense pas qu’il porte atteinte à la liberté de la femme. Je crois que c’était une plaisanterie qui est peut-être mal venue, je ne sais pas.
Claire Chazal taille un costard à la victimisation féministe
Partant de cette polémique qu’elle perçoit comme un non-événement, l’ancienne reine du JT de TF1 a ensuite étayé son propos. Pour elle, les luttes dans la société actuelle, dont celle du féminisme, sont trop victimaires :
La société victimaire me crispe, et notamment le féminisme victimaire. Je suis féministe. J’ai grandi comme ça, avec une mère qui travaillait, qui était professeure. Et je crois que ma vie a montré que j’exerçais ma liberté et ma volonté d’incarner quelque chose, de me réaliser et de vivre libre.
Je ne me sens pas victime. Je me sens maîtresse de mon destin et de ma position et complètement l’égale des hommes.
Claire Chazal souligne ensuite la différence entre les générations, ainsi qu’entre les milieux sociaux :
C’est une question sûrement générationnelle, ce n’est pas ma génération. Je peux la comprendre. Les violences faites aux femmes sont un vrai problème, je ne les minimise pas. Il y a des dangers qui les guettent avec notamment le viol, où elles n’ont aucun moyen de se défendre. Et c’est une cause essentielle. En revanche, dans nos milieux privilégiés, j’estime qu’une femme peut se défendre et moi, je crois, j’ai toujours réussi à me défendre.
En substance, la journaliste estime que certaines femmes, en l’occurrence celles des milieux dits privilégiés, doivent être capables de se défendre face aux violences physiques et sexuelles. Une prise de position qui aura assurément de l’écho, et qui fait déjà parler. En effet, nombreux sont ceux qui rappellent que le problème vient uniquement des comportements violents des hommes, et que la femme ne devrait même pas avoir à être capable de se défendre ou à l’envisager.
Il s’agit toutefois bien du postulat de Claire Chazal, qui, comme elle l’a rappelée elle-même, vient d’une époque différente. Elle n’est d’ailleurs pas la seule dans sa catégorie d’âge à penser de la même manière, loin de là : en 2018, la pétition visant à conserver le « droit d’importuner » des hommes était signée par 100 femmes, majoritairement âgées de plus de 50 ans. Question d’époques et de mentalités divergentes.
Plutôt qu’à travers une perception qu’elle décrit comme « victimaire », Claire Chazal conçoit le féminisme davantage à travers une solidité, une robustesse et une capacité des femmes à répondre aux hommes avec leurs propres armes. Une prise de position qui détonne forcément dans le climat actuel, et qui devrait faire réagir dans les prochaines heures.