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Légende absolue des sports de combat, Mohamed Ali a cependant transcendé sa condition de boxeur en devenant l’un des plus ardents défenseur de la cause afro-américaine. Il ne retenait donc que rarement ses coups sur le plan verbal, avec notamment des propos chocs sur les Noirs il y a plusieurs décennies.
61 combats pour 56 victoires, de multiples titres de champion du monde des poids lourds de boxe anglaise ainsi qu’un sacre olympique en 1960 : Mohamed Ali est clairement l’un des plus grands athlètes de l’histoire, si ce le plus grand de tous. Car son impact dépassait largement l’aspect sportif, lui qui était un éminent leader de la lutte pour les droits des minorités aux États-Unis, notamment pour les Afro-Américains.
S’il n’était pas le seul athlète à agir ainsi, Ali se démarquait par son profil : très éloquent et particulièrement intelligent, il disposait également d’un trash-talking à toute épreuve qu’il n’hésitait pas à employer pour faire passer ses messages politiques. Forcément, ses piques acerbes ne passaient pas auprès de tout le monde… et c’en était précisément le but, comme il l’avait expliqué lors d’une interview :
Mohamed Ali honnête sur le rôle de son trash-talking
Mohamed Ali : Ça intimide les gens. En Amérique, on a toujours appris aux Noirs à être humbles, vous savez ? « Oui patron, je vois, je suis désolé », « Hé garçon – Oui patron », et jamais un esclave ne s’est levé et n’a dit « Je suis le plus grand, je suis beau, je ne peux pas perdre ». On disait que les nègres parlaient trop. Et ils paient de l’argent pour me voir me faire battre. Je vais à la banque en riant, « 100.000, 200.000, 300.000 dollars… Je suis le plus grand » ! Du coup ils disaient : « Ce négro parle, il est arrogant ».
Provocateur à souhait et doté du sens du spectacle, Ali savait que son statut de superstar de la boxe lui conférait une certaine protection, même s’il a été un temps banni de sa discipline aux US pour ses prises de position politiques et religieuses. Celui qui s’appelait autrefois Cassius Clay prenait de fait un malin plaisir à narguer les Blancs conservateurs, se servant même de sa médaille d’or olympique pour y parvenir :
Mohamed Ali : Je voulais en faire quelque chose de bien, alors je suis allé au centre-ville. À l’époque, les Noirs manifestaient toujours pour manger dans les restaurants blancs et ils voulaient avoir le droit d’aller où ils voulaient. Je me suis donc dit : « Je vais prendre cette médaille, aller en ville et m’asseoir dans un restaurant. Là ils ne pourront rien faire contre moi, puis je commanderai quelque chose à manger ».
J’y suis donc allé, j’avais ma médaille, la dame me regardait et j’ai dit : « Je voudrais un cheeseburger. » Elle m’a dit : « On ne sert pas de nègres ici ». J’ai dit : « Je n’en mange pas non plus, alors donnez-moi un cheeseburger ».
Toute autre personne que « The Greatest » aurait subi de terribles conséquences après une telle séquence. Mais Ali savait parfaitement se servir de sa notoriété et n’a jamais manqué de l’exploiter à fond.
Expert du trash-talking à une époque où il n’était pas encore si commun de le pratiquer, Mohamed Ali a su l’utiliser habilement afin de faire bouger les choses sur le plan socio-politique. Sans contestation l’un des athlètes les plus influents de son temps, lui qui n’a jamais eu peur de se sacrifier pour la cause.
