Vaincu par Jon Jones de manière humiliante en main-event de l’UFC 285, Ciryl Gane a vu le peuple français se scinder en deux catégories : ceux qui le soutiennent, et qui l’encouragent dans sa quête de rédemption, et ceux qui se sont détournés de lui. Un paradoxe ? C’est en tout cas le sujet mis sur la table dans l’excellent film RMC Sport sur le combat.
Lorsqu’il a débarqué à Las Vegas pour affronter Jon Jones, Ciryl Gane était poussé par un incroyable élan populaire. La France entière, prête à toucher les cieux avec lui, poussait le « Bon Gamin » dans son périple vers les étoiles. Seulement voilà : le retour sur terre, incarné par une véritable fessée distillée par Jon Jones, a été particulièrement brutal.
Suite à cette douloureuse défaite, plusieurs déclarations du passé ont fleuri sur la toile. Celle, notamment, où Gane avouait sans mal être un « fainéant ». Son approche du très haut niveau a été critiquée, tandis que celle de l’implacable Jon Jones a été saluée. Autant de changements de posture, voire de retournements de veste, qui interrogent forcément.
La France hypocrite avec Ciryl Gane ?
Dans son film consacré au combat, RMC Sport pointe ce sujet du doigt au moment du monologue de conclusion. Les propos de Laurent Salvaudon y incitent d’ailleurs particulièrement à réflexion :
Alors oui : dans toute sa contradiction, la France reproche maintenant à Ciryl Gane les choses qui l’ont fait tomber amoureuse de lui. Pourtant, personne ne pourra décider à sa place qui il doit être, et de quoi retournera sa vie. Et comme ceux que le peuple a choisi, lui ne pourra pas décider si les gens continueront de l’aimer.
Il doit aussi comprendre. La France veut croire qu’il n’est pas juste un « Bon Gamin » qui prend tout ce qu’il y a à prendre. Elle a envie de croire que c’est aussi un « Bon Gamin » qui donne tout ce qu’il a à donner.
Ces quelques lignes illustrent la soudaine complexité du rapport entre Gane et les Français. Quelques mois après la communion à Bercy suite à la victoire de contre Tai Tuivasa, les mêmes qui vantaient l’humilité et la gentillesse de Gane sont devenus ceux qui lui reprochent de ne pas être assez mauvais, voire méchant. Comment s’en sortir ? En gagnant, tout simplement, et en revenant au sommet.
Qui aime bien châtie bien, le dicton est vieux comme le monde. Si les Français sont de plus en plus exigeants avec Ciryl Gane, c’est en bonne partie parce qu’ils pensent que le natif de La-Roche-sur-Yon en a encore sous la pédale. Qu’il peut travailler encore plus, s’arracher encore plus, et se sacrifier encore plus. Pour briller, lui, et faire briller l’Hexagone.