Entraîneur de Ciryl Gane depuis un moment maintenant, Fernand Lopez est à la base du succès du combattant français. Il faut dire que le natif du Cameroun maîtrise parfaitement son sujet, ayant une relation très particulière avec la bagarre. Il en a d’ailleurs fait un gros témoignage récemment qui en dit long sur son parcours.
À l’heure actuelle, Ciryl Gane fait partie des meilleurs combattants en catégorie poids lourds de la planète. Une réussite qu’il doit évidemment à son talent intrinsèque, mais aussi à son entourage qui l’encadre au mieux. On pense particulièrement à son coach Fernand Lopez, qui est connu pour avoir également entraîné la superstar Francis Ngannou, rien que ça. C’est dire les qualités de formateur du Franco-Camerounais, qui en connaît un rayon sur les sports de combats.
Lui-même ancien gladiateur des octogones (10 victoires pour 7 défaites en carrière), celui qui a fondé la MMA Factory à Paris n’a cependant pas attendu de monter dans la cage pour découvrir un milieu parfois brutal. Ayant publié le livre « Training Camp – MMA, dans les secrets du combat des titans » en mars 2022, Fernand Lopez est notamment revenu sur son enfance qui l’a vu développer très jeune un goût prononcé pour les rixes. Il reconnaît clairement ne pas en être fier, ne cherchant pas à cacher quoi que ce soit aux lecteurs. Le récit est saisissant (via slate.fr).
Le gros aveu de Fernand Lopez sur son enfance
J’ai honte de ce que je vais vous raconter mais, à un moment de ma vie, je suis tombé amoureux de la bagarre. Terriblement et passionnément amoureux. Dans une première phase de ma vie, je suis timide, renfermé sur moi-même. À l’école primaire de Yaoundé, capitale du Cameroun, je suis traumatisé par le racket et par la violence. À l’époque, j’avais un ami du nom d’Abdoulaye, le fils d’un ministre. Vers 10-11 ans, il commence le karaté. Mon papa ne veut pas que je m’y mette, alors je vais simplement l’accompagner au Temple Noir. Je suis très impressionné. Le karaté, c’est quelque chose de monstrueux, et ça me tape déjà dans l’œil.
En classe de cinquième, vers mes 12 ans, je me fais brutaliser au lycée. Henri, un mec ceinture marron de judo, m’humilie. Il est plus âgé que moi et il veut se battre. Moi, je suis timide, je ne veux pas me bagarrer. Ce type me pousse dans tous les sens, je me défends et perds la bataille. À la suite de cet épisode traumatisant, sans le dire à mes parents, je m’inscris au judo.
À 13 et 14 ans, je suis à l’âge d’or de la force. Niveau gabarit, je passe du simple au double, tout le monde est impressionné par ma croissance. Comme Francis, je suis de nature endomorphe, mon corps gonfle énormément et brutalement. Dès cet âge-là, je me retrouve avec mon gabarit actuel, je vais alors me sentir ultra-puissant. Et me retrouver dans un engrenage de violence. Adolescent, je suis habité par des sentiments de justice et d’injustice.
Au début, de mon point de vue, je me bats pour faire le justicier. Quand je vois deux jeunes qui ont un souci, j’aide le plus fragile en m’imposant physiquement, comme si j’étais une force régalienne, un gendarme. Mon papa me sermonnait: « Tu n’es pas le gendarme du monde. À chaque fois, tu justifies tes bagarres, mais arrête ça maintenant! » (…) En réalité, je menais une double vie. J’avais une gentille petite copine, une famille super, une bonne éducation. Et dès que j’étais dehors, un nombre croissant de personnes voulaient me régler mon compte.
Ayant connu une période très difficile alors qu’il n’était encore qu’un enfant, Fernand Lopez s’est rapidement tourné vers le milieu du combat. Aujourd’hui cependant, le coach de Ciryl Gane s’est apaisé et se sert de ses connaissances pour faire progresser ses poulains dans la cage. On ne peut que louer ce choix.