Peu après la fin des compétitions de sports collectifs aux Jeux olympiques, plusieurs athlètes français se sont soulevés face aux propos controversés du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Parmi eux, Evan Fournier, qui s’est de nouveau adressé à l’homme d’État dans les colonnes du HuffPost, via une lettre ouverte !
Comment un simple discours de félicitation pour les équipe de France de handball, volley et basket, s’est transformé en un camouflet pour le monde du sport tricolore en général. Couronnés de succès lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020, les membres des différentes sélections françaises citées ci-dessus n’ont rapidement fait qu’un pour condamner la réaction de Jean-Michel Blanquer à cette prouesse.
Heureux de voir ces dernières honorer le pays, le ministre de l’Éducation nationale a attribué une partie du crédit au système scolaire français, qui serait en partie à l’origine de cette réussite. Des paroles aberrantes pour les principaux concernés, comme a pu le stigmatiser à chaud Evan Fournier sur Twitter. Suite à cette première réponse, l’arrière des Bleus a pris le temps de prendre sa plume, s’adressant à l’homme politique sur le site du HuffPost.
Monsieur le ministre de l’Éducation nationale, vous avez, comme plus de 10 millions de téléspectateurs, suivi les finales olympiques de nos équipes de handball, de volley et de basket. Ces finales, marquées par le sacre de trois de nos équipes de France, ont mis en avant la qualité du travail de nos équipes de sports collectifs que je tiens encore à féliciter.
Les réactions ont été nombreuses, et ces performances exceptionnelles ont été saluées par tous. Comme l’ensemble de nos concitoyens, vous vous êtes réjoui de ce bilan olympique. Cependant, à l’image de mes coéquipiers et de nombreux autres sportifs, je m’interroge face à votre enthousiasme. Vous avez en effet salué les performances tricolores en vous félicitant du travail effectué par votre ministère, et de l’impact qui serait le sien sur ces performances. Il est minime.
Le nouveau joueur des Knicks reste donc dans la lignée de son précédent discours sur le sujet, et balaie d’un revers de main une éventuelle implication du système éducatif français dans les performances sportives réalisées à Tokyo. Ce, en possédant lui-même un parent professeur d’EPS. Il approfondit par la suite son raisonnement, en ciblant les lacunes de la connexion entre école et sport.
Comme de nombreux athlètes, vous l’aurez compris, je ne partage pas votre point de vue. Aucun de mes coéquipiers ne peut aujourd’hui remercier l’Éducation nationale pour lui avoir permis de jouer au basket. Comme le volley ou le handball, si ces sports collectifs sont parfois pratiqués, ce n’est non pas pour inciter les jeunes à faire du sport, mais par simple commodité. Nous comprenons tous qu’un gymnase permet en effet de pratiquer plusieurs activités et de diversifier les programmes. Mais il permet surtout de combler le manque de budget alloué au sport, et propose, par défaut, certaines activités aux élèves.
Le cheminement intellectuel insinuant qu’il s’agit d’une stratégie de l’éducation nationale pour former les champions de demain me paraît simpliste. Cela révèle au contraire une inégalité dans l’accès au sport entre les établissements disposants de moyens, et ceux se trouvant dans des situations plus compliquées. Car tout le monde ne pratique pas de basket, de handball ou de volley à l’école. Et ce ne sont pas les deux minuscules heures d’EPS par semaine de mon emploi du temps de collégien qui m’ont insufflé l’envie de jouer au basket, pour devenir le sportif que je suis aujourd’hui.
Fournier invite dès lors Jean-Michel Blanquer à profiter des réformes actuellement en réflexion pour repenser en profondeur cette collaboration entre éducation et sport. Il prend par ailleurs exemple sur le système américain, grâce auxquels les jeunes étudiants seraient davantage en mesure de poursuivre leurs rêves et carrières sportives. Pour lui, le timing est idéal pour mettre en application ces réflexions, à l’aube des Jeux olympiques de Paris 2024.
Monsieur le ministre, je suis conscient de la complexité que représente chaque réforme, et de la charge de travail qui est la vôtre, mais le sport attend depuis trop longtemps d’être considéré à sa juste valeur dans nos collèges, lycées et universités. Féliciter nos athlètes tous les quatre ans n’est plus suffisant, aidons-les plutôt à se révéler dès le plus jeune âge.
Pour retrouver l’intégralité de la tribune d’Evan Fournier, il vous suffit de cliquer sur le lien suivant, vous renvoyant vers la page dédiée sur le site du Huffington Post.