Aujourd’hui, Larry Bird est considéré par tous comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire de la NBA. Pourtant, l’ancien ailier des Celtics ne figure que rarement dans la discussion ue GOAT, où trônent plutôt Michael Jordan, LeBron James ou encore Kareem Abdul-Jabbar. La faute à un gâchis qui serait évitable aujourd’hui…
Le talent, le mental, la confiance, le trash-talking, le shoot, la passe, le rebond, le clutch : c’est bien simple, Larry Bird avait tout ou presque. Véritable surdoué de la balle orange, le natif de French Lick dans l’Indiana a débarqué en NBA en 1979, s’adjugeant immédiatement le titre de rookie de l’année.
Jusqu’en 1987, c’est la roue libre : All-Star chaque année, 3 fois MVP, 3 fois champion NBA, le numéro 33 est au firmament. Bird n’a alors que 30 ans, et on l’imagine aller chercher d’autres honneurs pour remplir son CV et solidifier son dossier pour le débat du GOAT. Il n’en sera rien.
Après 1987, la carrière du Celtic ressemble à un long chemin de croix. Toujours blessé ou presque, il joue parfois contre l’avis médical, quitte à aggraver sa situation. Lors des playoffs 1991, il signe un triple-double lors du Game 1 d’une série, puis va passer la nuit à l’hôpital… avant de disputer le Game 2 le lendemain ! Totalement impensable aujourd’hui.
A l’époque, plutôt que s’inquiéter, la presse s’émerveille de voir le Hick From French Lick repousser les limites de la douleur. Bird s’appuyait sur l’exemple de son père Joe, qui allait toujours au travail, coûte que coûte, même lorsqu’il était malade ou sévèrement mal en point.
Logiquement et malheureusement, tout ça a mal fini. Malgré plusieurs opérations, et bien qu’il ait conservé un niveau de jeu hors-normes (, Bird a dû se rendre à l’évidence et raccrocher les sneakers en 1992 après 5 ans à trainer la jambe. En définitive, son prime en NBA n’aura donc duré que 6 à 7 petites années : un immense gâchis, qui a ses explications.
Depuis les années 1980, d’abord, beaucoup de choses ont évoluées dans le sport, à commencer par la nutrition et le conditionnement des athlètes. Larry Legend n’était pas un féru de la salle de sport, et il ne rechignait pas à s’enfiler quelques bières après les matchs. Un mode de vie qui se paye cash, et qui trouve d’autres parallèles à l’époque (Michel Platini a pris sa retraite en 1987 à seulement 32 ans, là où les stars actuelles du foot tiennent au haut niveau jusqu’à 37 ou 38 ans pour certaines).
Nul doute que dans la NBA actuelle, Larry Bird aurait bénéficié d’une énorme attention médicale, avec des technologies de pointe ayant pour but de prolonger sa carrière. C’est par exemple ce que fait LeBron James, avec le succès qu’on lui connait puisqu’il domine encore dans sa 18ème saison.
Autre suicide progressif de Bird ? Son style de jeu. L’ancien d’Indiana State voyait chaque match comme un combat, et il n’a jamais rechigné à donner de son corps, en plus de jouer blessé. Se jeter à terre pour récupérer un ballon ? Pas de problème. Sauter dans les tribunes pour tenter de gagner la possession ? Avec plaisir.
Larry Bird. Do the hustle. #Celtics pic.twitter.com/05sycgmhkG https://t.co/O0hr6MYZQp
— Honest☘️Larry (@HonestLarry1) February 10, 2021
En 1991, alors qu’il était déjà criblé de blessures et sentait le chant du cygne arriver, Bird reconnaissait à demi-mot son erreur au micro d’ESPN… mais ne regrettait rien :
Je me rappelle quand j’ai débarqué dans la ligue, Artis Gilmore m’a dit que je n’allais pas durer bien longtemps si je continuais à me jeter par terre sans arrêt. Ca m’a enfin rattrapé. C’est une des raisons pour lesquelles je suis autant blessé, mais c’est comme ça que je joue et je ne changerai jamais.
Quelques mois plus tard, pour ses avant-derniers playoffs, Bird joint le geste à la parole. A la lutte pour un ballon, il s’écrase le crâne sur le parquet et souffre d’une commotion cérébrale. Après un passage aux vestiaires, il revient aux affaires et fait gagner le match puis la série aux siens. Légendaire.
C’est donc certes avec un palmarès et impact colossaux que Larry Bird a mis un terme à sa carrière en 1992, mais avec le regret de n’avoir eu qu’un prime aussi court en NBA. Avec un style de jeu plus « tranquille » en saison régulière, une meilleure gestion des minutes, un meilleur suivi médical et davantage de précautions sur son hygiène de vie, Larry Legend aurait pu, qui sait, conserver son niveau d’excellence du milieu des années 1980 jusqu’en 1992 ou 1993. Et la NBA en aurait été changée.
En seulement quelques années en pleine possession de ses moyens, Larry Bird a révolutionné la NBA et y a gravé au fer rouge son impact. On ne peut cependant que déplorer un prime aussi court pour le génial ailier, qui aurait pu, c’est certain, ajouter d’autres bagues à ses mains…