Auteur d’une nouvelle prestation bien compliquée contre Houston, puis absent contre New Orleans, Russell Westbrook est l’ombre de lui-même depuis de nombreux mois. Malheureusement, plusieurs signaux pointent vers une fin de parcours dans l’élite de la ligue plutôt qu’à une embellie. On fait le point, inquiétant, sur l’avenir du Brodie.
Pendant des années, alors que Russell Westbrook dominait la ligue, empilait les triple-doubles et empochait un titre de MVP, ceux qui aiment à se projeter se posaient déjà les questions qui fâchent : « Que se passera-t-il quand le meneur déclinera physiquement ? Comment saura-t-il rester efficace et utile à son équipe ? Saura-t-il s’adapter ? » Avance rapide à janvier 2021 : ce fameux déclin physique, on y est, et les réponses ne sont pas rassurantes.
Pour les adeptes de la feuille de stats, oui, Westbrook continue de la noircir. Cette saison, en 9 matchs, il tourne à 18.1 points, 9.7 rebonds et 10.2 passes décisives. Mais ce n’est plus du « winning basketball », formule si chère aux Américains.
Le premier problème réside dans on inefficacité au shoot. Avec 37% de réussite globale et un seul match à plus de 45% au tir cette saison, Brodie patine. Diminué par ses blessures récurrentes, qui en ont déjà fait l’ombre de lui-même dans la bulle, et par l’oeuvre de Dame Nature (il a eu 32 ans), Westbrook drive de moins en moins, attaque de moins en moins le cercle. A la place, il shoote sans en être vraiment capable de manière fiable – à mi-distance comme à trois points, avec le même insuccès dans les deux cas.
After scoring 19 Pts tonight, Russell Westbrook now has 163 points on 163 shots this season ? pic.twitter.com/9mhoiFmt3u
— SportsCenter (@SportsCenter) January 27, 2021
Après avoir scoré 19 points ce soir, Russell Westbrook a maintenant 163 points en 163 shoots cette saison ?
Une inefficacité absolue, à laquelle il faut ajouter 5.2 turnovers par match. La seule autre fois de sa carrière où le natif de Long Beach a franchi la barre des 5 pertes de balles, c’était en 2016-2017, lorsque son taux d’usage était plus élevé et qu’il était élu MVP – un écart plus facilement pardonnable.
Défensivement, ça ne va pas mieux : dans une équipe des Wizards en mode portes de saloon, Westbrook affiche ses plus basses moyennes en carrière en interceptions (1.0) et contres (0.2). Bref, le constat est implacable : l’ancien du Thunder n’est tout simplement plus un joueur efficace, et dans le rôle actuel qui lui est confié (et qu’il continue de vouloir assumer), il est plus souvent nuisible que bénéfique à son équipe. Alors que faire ?
L’histoire de la ligue montre qu’un joueur qui base une grande partie de son jeu sur ses qualités athlétiques doit impérativement apprendre à contribuer d’autres manières pour ne pas devenir obsolète quand le physique disparait. Vince Carter, Tony Parker ou encore Jason Kidd font partie de ces joueurs qui ont su se diversifier en ajoutant un shoot fiable à leur jeu. Westbrook, lui, n’en semble pas capable.
Dès lors, la logique serait de le voir accepter qu’il n’est plus un joueur d’élite et amorcer une transition vers un rôle en sortie de banc. Mais soyons clairs : l’ego du Brodie ne plaide pas pour cette théorie, de même que l’emprise qu’il exerce sur Scott Brooks, son coach préféré depuis toujours.
Le risque est donc de voir Westbrook continuer à sortir des quasi-triple-doubles inefficaces, dans le vide, et probablement à Washington puisque personne d’autre n’en voudra (le marché pour lui était déjà très limité en marge de son trade), jusqu’à la fin de son contrat à l’été 2023. Pour rappel, le meneur va toucher des sommes rocambolesques (entre 41 et 47 millions annuels) pendant encore 2 saisons et demi, ce qui va refroidir tout le monde.
Et après ça ? A 35 ans, sans ajouter de shoot à son arsenal d’ici-là, pas certain que la ligue veuille encore de lui…
Elles sont loin, les belles années où Russell Westbrook claquait des tomars et s’immisçait dans la course au MVP. En grande galère depuis trop longtemps pour qu’on ne puisse que parler de méforme passagère, le meneur doit impérativement remodeler son jeu, voire même son attitude et son rôle. Sans ça, la fin de carrière pourrait être assez brusque…