Trashtalker un adversaire entraine toujours un risque de revanche, encore plus lorsque l’adversaire en question s’appelait Michael Jordan. Demandez plutôt à Darrick Martin, ancien joueur des Grizzlies traumatisé par sa mauvaise expérience du genre avec His Airness.
Certains auraient tendance à l’oublier, mais Michael Jordan n’a pas fait son retour sur les parquets NBA lors de la saison 1995-96 suite à sa première retraite. Affamé de compétition, il avait retrouvé son terrain de jeu de prédilection l’année précédente. Le temps pour lui de disputer 17 matchs de saison régulière avant d’être éliminé au 1er tour des playoffs par le Magic.
Malgré ses quelque 20 mois d’absence, ses moyennes n’ont pas connues de baisse significatives sur les rencontres en question. Le numéro 23 – reconverti en 45 – s’était assuré de revenir dans la ligue paré pour le combat. Pour cela, il avait participé à plusieurs pickup games durant les semaines précédentes avec des All-Stars.
Ces derniers pouvaient cependant parfois lui faire faux bond, de par leur emploi du temps chargé. Dès lors, un jour où il se trouvait en Californie pour le tournage de Space Jam, MJ demande à Magic Johnson de lui trouver des adversaires. Le meneur des Lakers s’exécute, et propose l’invitation à un certain Darrick Martin. Ce dernier raconte à Aaron Ross :
On fait notre match, et le score était à 6-6, sachant que c’était en 7 points gagnants. Je remonte le ballon, je vais à l’aile, et je fais comme une feinte de shoot. Michael mord, je l’évite et j’inscris un layup pour la gagne. C’est là que j’ai commencé à sortir mon meilleur trashtalk face à lui : « Casse-toi de ma ville, Michael ! Tu n’es même pas le vrai MJ. Mon gars Magic, c’est lui le véritable MJ ! »
Tout le monde n’aurait peut-être pas osé une telle provocation à la place de Martin, mais beaucoup auraient aimé savourer cette victoire sur le triple champion NBA de cette même façon. Problème : le trashtalkeur en herbe évoluait alors dans les rangs des Vancouver Grizzlies, qui ont plus tard cette année-là croisé la route… des Bulls d’un Jordan de retour aux affaires.
Le scénario type « revenge game » semble alors écrit d’avance, mais tourne rapidement au fiasco. Après 3 quart-temps, Chicago est largement mené, et Jordan n’a inscrit que 10 points. Il est donc sorti par Phil Jackson, qui ne compte alors pas le renvoyer sur le terrain. Suite à un and-one converti, Martin ose ainsi cette sortie en passant devant le banc des Bulls et MJ :
Je t’avais dit qu’on allait vous botter le c*l ce soir !
Grossière erreur. Jackson demande l’avis de son leader, qui exige bien évidemment de retourner sur le parquet pour régler ses comptes. Mike rechausse ses sneakers, et enfile sa cape de super-héros pour ramener son équipe dans le match, et faire mentir son adversaire décidément bien audacieux.
En l’espace de 6 minutes, il compile pas moins de… 19 points, et balaye l’avance de Vancouver pour offrir le succès aux siens. Mais parce qu’il ne laissait jamais ses statistiques parler pour lui, il a également tenu à adresser quelques mots doux à Martin suite à son récital. Du classic MJ.
Ta g*eule, petite p*te !
Darrick Martin a voulu jouer avec le feu à deux reprises ; il a fini par se brûler. Et quand le feu en question se nomme Michael Jordan, la gravité de la brûlure n’est jamais légère.