L’influence de Michael Jordan sur la ligue dans les années 90′ va au delà de l’imaginable. Non seulement il était capable de détruire ses adversaires, mais il avait aussi la capacité, parfois involontaire, de réduire à néant la carrière de certains coéquipiers. C’est ce qui est arrivé au jeune Dennis Hopson, dont le passage aux Bulls a été fatal…
Un trade peut changer beaucoup de choses dans la carrière d’un jeune joueur NBA. Pour certains, le changement d’environnement est bénéfique, puisqu’il est le point de départ d’une incroyable progression, et d’une ascension vers le statut de star. Ces dernières années, les exemples ont été nombreux.
On peut par exemple penser à D’Angelo Russell… Sans doute un peu ébloui par les lumières de Los Angeles, le meneur s’est révélé après son échange à Brooklyn, en devenant l’un des jeunes meneurs les plus en vue de la ligue. Sous le maillot des Nets, il est même devenu All-Star.
Mais l’inverse est aussi vrai. Pour certains joueurs, un échange peut être fatal. Pour peu que le nouveau coach ne compte pas sur cette individualité, ou que son talent ne colle pas au style de jeu de sa nouvelle franchise, l’ascension d’une jeune star peut être coupée net.
C’est ce qui est malheureusement arrivé à Dennis Hopson, n°3 de la draft 1987, qui a vécu l’un des trades les plus difficiles de l’histoire. Lors de ses 3 premières saisons avec les Nets, l’ailier a fait tout ce qu’une franchise est en droit d’attendre d’un haut choix de draft : il a progressé dans toutes les catégories.
En effet, le scoreur est passé de 9.2 points de moyenne à 40.4% de réussite lors de sa saison rookie, à 12.7 points et 41.9% de réussite, à 15.8 points et 43.4% au tir. Une progression constante qui laissait envisager le meilleur. Le problème, c’est que sa relation avec son entraineur était médiocre. Et ce dernier, pour se venger du comportement de son joueur, a décidé de l’envoyer… À Chicago ! Hopson raconte :
Bill Fitch, mon entraineur aux Nets, et moi ne nous entendions pas. On ne pouvait pas se supporter du tout. Ma dernière saison à New Jersey était la meilleure. J’étais meilleur scoreur de l’équipe, et je commençais à me découvrir en tant que joueur. Le fait qu’il m’échange parce qu’on ne s’aimait pas, d’accord. Mais m’échanger à Chicago est inacceptable.
Quelle pire punition pour un arrière/ailier que d’être envoyé à Chicago au début des années 90′ ? Forcément, Dennis Hopson a ciré le banc derrière Michael Jordan et Scottie Pippen, ce qui a stoppé net sa progression. Pour sa première saison aux Bulls, le n°3 de draft est passé de 15.8 points de moyenne à… 4.3 ! Et le pire, c’est qu’on lui a menti sur son rôle.
Quand je suis arrivé, on m’a dit que j’allais pouvoir jouer avec Michael Jordan pendant de longues minutes, puisqu’il devait glisser sur le poste de meneur. On a effectivement joué quelques matchs ensemble, mais rien de conséquent. On m’a menti. Et même quand ils me l’ont annoncé, je savais pertinemment qu’ils mentaient.
Seulement une saison après son arrivée à Chicago (1990-1991), Dennis Hopson a une nouvelle fois été transféré, mais il n’a jamais retrouvé son niveau… D’ailleurs, deux ans à peine après son passage aux côtés de Michael Jordan, il a été contraint de rejoindre l’Europe. Il n’est ensuite plus jamais revenu en NBA. Un destin bien décevant pour un joueur si prometteur.
Évoluer avec Michael Jordan pouvait être un cadeau empoisonné. Car si MJ était capable d’élever un joueur au rang de star, comme Steve Kerr, il savait aussi détruire la confiance de ceux qu’il n’estimait pas dignes de jouer à ses côtés…