Intransigeant lors des entraînements des Bulls avec ses coéquipiers, Michael Jordan a fait comprendre à l’un d’eux que sa fin de carrière était venue. Et pas à n’importe quel coéquipier, puisque celui-ci comptait pas moins de 12 sélections au All-Star Game.
Si The Last Dance a bien enseigné une chose au grand public qui ne connaissait pas bien Michael Jordan, c’est que la star des Bulls pouvait se révéler tyrannique avec ses partenaires d’équipe. Dans sa quête d’excellence et de titres, le numéro 23 ne laissait rien passer, y compris l’exigence que devaient avoir ses coéquipiers.
Grâce au documentaire, les échanges musclés qu’il a pu avoir avec Horace Grant sont désormais connus de tous. Sa célèbre bagarre avec Steve Kerr, longtemps du domaine de la rumeur, est dorénavant avérée. Cette image de véritable oppresseur était néanmoins un secret de Polichinelle dans la ligue, et a pu repousser les grands joueurs de Chicago.
Hormis Dennis Rodman et Robert Parish, ils sont peu à être arrivés dans la franchise avec ce statut, et à avoir accepté de partager leur quotidien avec MJ. Une dizaine d’années plus tôt, bien avant que les Bulls ne soient considérés comme les favoris pour le titre chaque saison, une autre légende avait pourtant choisi de le rejoindre.
Cette légende n’est autre que George Gervin, quadruple meilleur scoreur de la ligue. Et si le passage de l’ancienne gloire des Spurs dans l’organisation n’est pas resté dans les mémoires, c’est parce qu’il s’est voulu relativement court. Arrivé en octobre 1985 dans le cadre d’un trade, l’arrière, alors âgé de 33 ans, a décidé de raccrocher les sneakers à l’issue de la saison 85-86.
Le début de son histoire à Windy City laissait déjà présager d’une conclusion rapide. Jordan, qui entamait sa saison sophomore et qui avait déjà une grande influence dans le vestiaire de son équipe, s’était publiquement positionné contre l’échange impliquant Gervin. Jerry Krause, lui, voyait les choses autrement.
Dès lors, la relation entre les deux joueurs n’a pas eu grand chose d’amicale pendant plusieurs mois. Tandis que His Airness qualifiait l’Iceman de « vieux », ce dernier répliquait d’une manière encore plus fracassante. Souvent opposés lors des sessions d’entrainement de la franchise, leurs échanges se voulaient tout aussi virulents.
C’est d’ailleurs dans ce cadre, et à cause de Jordan, que le Hall of Famer a décidé… de se retirer des parquets. Dans une interview pour The Post Game, il racontait magistralement la scène qui l’a poussé à prendre cette grande décision.
Ce fils de p*te était fou. Il jouait aussi dur à l’entrainement que pendant les matchs. Je ne l’oublierai jamais : une fois, j’étais à l’entrainement avec lui, et je faisais les exercices de façon nonchalante. Je lui ai dit : « Doucement, gamin. » Il m’a répondu : « Hey, le vieux, va t’asseoir là-bas. » Je me suis assis. C’en était fini pour moi. Il m’a aidé à comprendre que c’en était fini pour moi. Chacun doit vivre avec son temps. Mon tour était venu. J’ai pris ma retraite après cet épisode.
Même s’il n’a pas, à proprement parler, pris sa retraite sportive en 1986 – il a passé quelques saisons en Italie, puis en Espagne, avant de se retirer à 38 ans – Gervin a donc dit adieu à la NBA car il ne pouvait plus suivre le rythme imposé par son jeune partenaire. Au bout du compte, ce dernier est donc parvenu à obtenir ce qu’il voulait, à savoir se débarrasser de Gervin.
On vous l’a dit : évoluer aux côtés de Michael Jordan n’avait rien d’un conte de fée, y compris pour les grands joueurs habitués au rythme de la ligue. Le témoignage de George Gervin l’illustre parfaitement.