Ayant poussé leur projet small-ball à son paroxysme cette saison, les Rockets en subissent les frais défensivement. Mais paradoxalement, ils excellent dans le domaine… en laissant des points à leurs adversaires. Explications.
Depuis plusieurs saisons désormais, les Rockets se distinguent du reste de la ligue avec un « data-basket » des plus clivants. Adieu les tirs à mi-distance et les gigantesques pivots ; gloire aux shooteurs, aux tirs dans la raquette et aux shoots de loin. Pas aussi fructueux qu’escompté jusqu’ici, le projet des Texans a pris une nouvelle ampleur en février dernier, alors qu’ils laissaient filer Clint Capela.
Se séparer du pivot suisse, c’était abandonner le dernier protecteur d’arceau attitré du roster. Un choix complètement insensé si l’on se base sur l’histoire de la ligue, et sur ses vieux axiomes « La taille et la défense amènent des titres ». Mais comme on vous l’a dit, les Rockets se font un devoir de révolutionner la ligue. Faut-il encore que cela fonctionne.
Leurs récentes prestations laissent supposer que c’est le cas. Face aux Bucks, dans la nuit de samedi à dimanche, les hommes de Mike D’Antoni ont ainsi concédé 60 points à leurs adversaires dans la raquette. Dans le même temps, ils n’en ont inscrit que 20. C’est sans parler de la bataille au rebond, où ils ont été dominés de 29 unités.
À la vue de tels chiffres, on pourrait logiquement penser que Milwaukee n’a fait qu’une bouchée des Rockets. Pourtant, ce sont bien ces derniers qui se sont imposés (120-116). L’explication la plus logique de ce résultat serait certainement la réussite au tir des Texans, et leurs 21 tirs à 3 points inscrits contre les 9 des Bucks. Ce n’en est en réalité qu’une partie.
Aussi surprenant cela puisse paraitre, ce succès, tout comme ceux acquis aux dépens des Mavericks et des Lakers, sont aussi dûs à la défense de Houston. Sans big men, les coéquipiers de James Harden font déjouer les équipes censées profiter de leur manque de taille. Ils ont comme qui dirait poussé l’art de la mauvaise défense à la perfection.
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Tout a commencé lors des finales de conférence 2018. Face aux Warriors, ils avaient décidé de switcher sur tous les écrans en défense. Cette technique a résulté en de nombreux mismatchs impliquant Kevin Durant, qui s’est régalé à mi-distance face à des adversaires bien plus petits. Pourtant, les Rockets ont été tout proches de remporter la série, en limitant les Dubs à 3 points et donc en déjouant leur principal atout.
La raison de ce choix surprenant est simple, et réside dans l’approche scientifique de la franchise selon laquelle un tir à mi-distance est le shoot au plus mauvais rendement. Un constat validé par les stats, qui pousse les équipes à le délaisser progressivement. Là est tout le génie de Mike D’Antoni et son staff, qui laissent volontairement à leurs adversaires ces tirs a priori favorables face à des adversaires plus petits.
Dans cette optique, ils rendent la vie des shooteurs adverses impossibles, et les forcent à donner le ballon à leurs intérieurs en post-up. Ces derniers, opposés à des P.J. Tucker et Robert Covington qu’ils surplombent d’une tête, respectent la logique de la situation et prennent leur tir. Ils tombent ainsi dans le piège, et inscrivent des shoots au rendement très inférieurs aux banderilles de Houston.
Ce type de défense à évidemment ses limites, et nécessite une communication irréprochable, sans quoi vous laissez les Mavericks inscrire 149 points. Néanmoins, les Rockets semblent de plus en plus la maitriser, et en récoltent les fruits sur ces seeding games. Reste à savoir si la débauche d’énergie qu’elle implique se révèlera ou non rédhibitoire sur un run de playoffs.
Plus que jamais gouvernés par leur approche liée à la data, les Rockets remettent en cause les principes éternels de la défense en NBA, et y trouvent leur bonheur. Les prochaines semaines diront si cette mauvaise défense assumée peut conduire au titre.