Les noms de George Gervin et de David Thompson ne vous disent rien ? En 1978, les deux scoreurs ont pourtant réalisé deux des plus grandes performances de l’histoire de la ligue… à quelques heures d’intervalle. Retour sur ce dernier jour de saison régulière mémorable.
La NBA n’a que très rarement vu dans son histoire le titre de meilleur scoreur se disputer à l’occasion du dernier match de saison régulière. Un tel cas de figure s’est dernièrement produit en 1994, et nous avait offert un duel à distance inoubliable entre un jeune Shaquille O’Neal et David Robinson.
16 ans plus tôt, ce sont deux autres scoreurs invétérés qui abordaient la dernière rencontre avant les playoffs au coude-à-coude. Et même s’ils ne font pas forcément partie des noms qui ont su résister à l’impact du temps, le CV de George Gervin et David Thompson, nos deux protagonistes, suffisaient à deviner de la soirée folle qui se profilait.
Après 81 match disputés, seulement 15 points séparent les deux hommes pour le classement de meilleur marqueur. 15 points en faveur de Gervin. Hasard du calendrier, c’est Thompson qui foule en premier les parquets ce 9 avril 1978. Le joueur des Nuggets connait son retard sur son concurrent, et souhaite donc frapper un grand coup pour le déstabiliser.
48 minutes plus tard, les observateurs peuvent sans trop de soucis affirmer qu’il a rempli sa part du contrat. Face aux Pistons, il plante la bagatelle… de 73 points, sans pour autant forcer les choses. Ses pourcentages sont impeccables (28/38 au tir, 17/20 aux lancers), et malgré la défaite des siens, l’arrière a de quoi jubiler en pensant logiquement avoir mis un terme aux débats.
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Mais ce serait oublier que les Spurs de George Gervin ont encore un match à jouer. Ce dernier, qui a bien évidemment été tenu au courant de la performance colossale de son rival, sait ce qui lui reste à faire : inscrire au minimum 59 points contre le New Orleans Jazz. Un objectif qui le pousse à la déclaration suivante :
Mon Dieu, ça alors. Je n’ai jamais inscrit 58 points, mais je vais tout faire pour y parvenir.
Croyez-le ou non, Gervin l’a fait. Il ne s’est d’ailleurs pas contenté des 59 points qu’il visait, puisqu’il s’est fendu de 63 pions. Son adresse est bien moins louable que celle de Thompson (23/49), mais qu’importe. Il remporte ainsi le titre de meilleur scoreur, et récupère au passage le record de points inscrits en un quart-temps (33)… que venait de signer Thompson.
Malheureusement, aucune image de cette prestation ne semble aujourd’hui disponible. Seul le récit du « Iceman » permet d’imaginer son état d’esprit durant cette rencontre.
On commence le 1er quart-temps, et je rate mes 6 premiers tirs. Timeout. On se rend sur le bord de la touche, et je dis : « Bon, les gars, je n’ai pas vraiment besoin… Laissons tomber. » Et mes gars ont continué de m’encourager. Ils m’ont posé des écrans, donner le ballon dans le bon tempo, mis dans les bonne situations, donc je leur dois beaucoup. Une fois que j’ai atteint les 59 points, j’ai dit à mon coach : « Eh, laisse-moi en mettre quelques autres au cas où ils auraient mal calculé ! »
Contrairement à Gervin, David Thompson, assis devant son poste de radio, ne s’est rapidement plus fait d’espoirs.
J’ai commencé à écouter à partir du second quart-temps, et à la mi-temps, il était déjà à 53 points. J’ai tout de suite compris que j’avais marqué 73 points pour rien. J’ai été le meilleur scoreur de la ligue pendant sept heures. Même mon record sur un quart-temps a été battu. Il a fallu seize ans pour battre le record de Wilt (31 points, ndlr) et sept heures pour battre le mien.
Un scénario digne d’Hollywood, qui a vu deux des plus grands exploits all-time au scoring réalisés, et un record longtemps jugé indétrônable brisé à deux reprises en l’espace de sept petites heures.