Si la NBA est aujourd’hui une ligue internationale et ouverte sur le monde, une ligue où se côtoient des joueurs de différentes nationalités, de différentes couleurs, de différentes générations, cela n’a pas toujours été le cas… Dans les années 60′, être noir en NBA était un enfer. Bill Russell a du faire face au racisme ambiant, et à un FBI sur son dos.
Aujourd’hui, Bill Russell est perçu par tous les fans de basket comme une légende vivante, voire même pour certains comme le GOAT. En même temps, avec 11 titres en 13 saisons, un bilan parfait dans les matchs 7 en playoffs, et un impact défensif inégalé dans l’histoire, le pivot fait indéniablement partie des plus grands. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’il est aussi l’un des joueurs les plus engagés…
En fait, il ne pouvait pas vraiment en être autrement, car à son époque, le racisme était monnaie courante aux États-Unis, notamment à Boston ou dans certains états ségrégationnistes. Dans son speech d’introduction au Hall of Fame, le pivot a d’ailleurs raconté ne s’être jamais considéré comme un joueur de Boston, mais comme un joueur des Celtics. Une nuance causée par la haine de certains habitants de Boston pour la communauté afro-américaine.
Une année, les Celtics ont organisé un petit sondage pour savoir ce qu’ils pouvaient faire pour attirer du monde et remplir leur salle. Plus de 50% des réponses disaient qu’il y avait trop de joueurs noirs dans l’équipe. […] En fait, dès le premier jour, je me suis dit que je jouerai toujours pour les Celtics, jamais pour Boston.
Mais ce n’était que le début d’une relation compliquée entre Bill Russell et les fans des Celtics. Les tensions ont grandi jusqu’au jour où des intrus se sont introduits dans son domicile, ont peint les murs d’insultes racistes, ont dégradé ses trophées, et ont même déféqué dans sont lit…. Un incident à la hauteur de l’incompréhension entre la star et son public.
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Sans mauvais jeu de mots, tout n’est pas toujours tout noir ou tout blanc dans la vie, et Bill Russell a eu des mots qui, même s’ils traduisaient son énervement, pouvaient à l’époque choquer la fan base des Celtics. En 1963 par exemple, dans Sports Illustrated, il aurait déclaré :
Je déteste la majorité des blancs. J’aime les noirs parce que je suis noir
Un ressentiment forcément né de l’hostilité à laquelle il devait faire face, mais qui n’a fait que remettre de l’huile sur le feu. Résultat de cette relation compliquée avec la ville de Boston, Bill Russell se refermait sur lui même, et refusait par exemple d’interagir avec les fans au bord du terrain, ou même de devenir ami avec ses voisins, clamant toujours l’hypocrisie maladive de ces derniers. Alors forcément, la communauté blanche de Boston voyait le pivot comme un arrogant, paranoïaque et hypocryte…
D’ailleurs, face à son attitude, et son activité dans le mouvement Black Power (il a par exemple encouragé Mohamed Ali à refuser de partir faire la guerre au Vietnam), Bill Russell était suivi de très près par le FBI. Et d’après ce qu’il racontait à Bill Simmons en 2013, son dossier le qualifiait de :
N*gre arrogant qui refuse de signer des autographes pour les enfants blancs
Si aujourd’hui ces temps semblent bien révolus, il faut sans doute remercier Bill Russell d’avoir fait bouger les lignes. Il a par moment vécu un enfer, pour que les générations après lui puissent profiter d’une ligue ouverte sur le monde. Si on lui avait dit qu’en 2015, les joueurs noirs composeraient 75% de la ligue, il n’y aurait sans doute pas cru.
Bill Russell doit en tout cas être fier de voir des leaders comme LeBron James et Stephen Curry s’engager sans relâche les questions de société aux États-Unis…