La mort de George Floyd fait rejaillir de vieux fantômes dans la société américaine, mais également en NBA. Un joueur, qui a par le passé été victime de violences policières, se montre particulièrement affecté par cette affaire.
Peu sont les joueurs de la ligue qui n’ont pas vu la vidéo horrifiante de George Floyd, maintenu au sol par un policier de Minneapolis quelques minutes avant sa mort. Ils sont tout aussi peu nombreux à ne pas avoir réagi, voire même répondu aux appels de soulèvement face à ce genre d’agissements envers la communauté afro-américaine. Même s’il faut faire 15 heures de route pour rejoindre les manifestations, comme Jaylen Brown.
Les États-Unis sont depuis plusieurs jours plongés dans une crise sociale de grande ampleur suite à cette tragédie, et les débordements qui en découlent accaparent l’actualité sur le territoire. Malgré l’impossibilité d’y échapper, Thabo Sefolosha fait tout son possible pour éviter ces images. Non pas car il ne soutient pas le vaste mouvement de révolte, mais parce que cette affaire lui fait ressasser une période noire de son existence. Il témoigne pour Associated Press :
J’étais juste horrifié par ce que j’ai vu. Ça aurait pu être moi.
Les violences policières, le joueur des Rockets les connait. Il a même pu les attester de son propre chef. Le 8 avril 2015, alors que l’ancien joueur Chris Copeland vient de se faire poignarder en sortie de boite de nuit à New York, il se trouve sur les lieux. La police ne tarde pas à débarquer, et malgré son innocence et sa volonté de coopérer, il se voit attaqué par plusieurs officiers :
Ça a grandement changé ma façon de voir les forces de l’ordre dans ce pays. Et aussi ma perception du système judiciaire dans sa globalité. Je suis allé au tribunal et j’ai dû me démener pour prouver mon innocence. Ça m’a vraiment plongé profondément dans le système, et il me laisse très sceptique.
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Bilan de cet épisode sinistre pour Sefolosha : une jambe cassée, et quelques ligaments rompus. Des blessures qui auraient pu mettre en péril sa carrière de joueur, mais qui témoignaient surtout du bafouement de ses droits de citoyen. L’ailier a finalement bien obtenu une compensation financière, qu’il a restituée à une organisation publique de défenseurs des communautés marginalisées. Sa colère, elle, reste toujours présente, et rejaillit particulièrement face à l’actualité récente :
Je suis furieux, c’est sûr. C’est certain. On est en 2020. Personne ne devrait subir cela à cette époque, surtout après tous les sacrifices que les Noirs ont fait pour les États-Unis. La communauté noire a tant donné et fait tellement de chose pour ce pays. C’est blessant de voir ça.
Originaire de Suisse, le vétéran de 36 ans ne devrait pas tarder à quitter les terrains. Il retournera alors dans son pays natal, après une riche carrière en NBA. En attendant cette échéance, il aura la charge avec ses coéquipiers des Rockets d’aller le plus loin possible une fois que la compétition aura repris. Cependant, son esprit reste à l’heure actuelle encore bien éloigné du basket :
Je serai heureux de retrouver mes coéquipiers et de renouer avec le basket en général. Mais vous savez, nous sommes des êtres humains, et le combat dure depuis trop longtemps, les mêmes manifestations se tiennent depuis trop longtemps.
Je pense qu’il est définitivement l’heure de changer les choses, et ce devrait être une priorité pour nous tous.
On découvre progressivement les séquelles profondes que fait rejaillir l’affaire George Floyd dans la ligue. Le cas de Thabo Sefolosha illustre pleinement l’aspect universel des pratiques que dénoncent joueurs et personnalités de la ligue.