Si la tyrannie de Michael Jordan a été tolérée dès lors que les titres se sont mis à pleuvoir, elle faisait davantage débat dans les années qui ont précédé. A tel point que les Bulls ont voulu recruter un joueur pour le faire taire.
A la fin des années 1980 et au début des années 1990, la frustration de Michael Jordan ne cessait de croître au gré de ses échecs répétés face aux Pistons en playoffs. Hanté par sa quête de succès, MJ s’est mis à adopter un comportement de plus en plus limite à l’entraînement, parfois proche du harcèlement.
Soucieux de voir la tyrannie du numéro 23 dérégler l’effectif, le front office s’est alors mis en tête de recruter un joueur qui n’aurait pas peur de lui rentrer dans le lard : Danny Ainge.
Pièce précieuse des grands Celtics des années 1980, Ainge avait le respect de Michael Jordan. Hors des parquets, les deux hommes étaient même en plutôt bons termes. On sait par exemple que c’est avec l’arrière de Boston que MJ est allé jouer au golf la veille de son mythique match à 63 points face aux C’s.
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A l’intersaison 1990, Ainge est libre après un passage aux Kings lors duquel il a été meilleur marqueur de la franchise, et l’assistant-coach des Bulls Johnny Bach résume clairement l’idée :
Il dira à Michael d’aller se faire foutre quand il commencera à réclamer le ballon en fin de match. Et parfois, il y a besoin de ça.
Jordan avait en effet pris la fâcheuse habitude, en fin de match particulièrement, de monopoliser le cuir et de ne faire confiance à personne d’autre, quitte à forcer des shoots. Grande gueule devant l’éternel, joueur poil à gratter et qui n’a jamais reculé devant rien ni personne, Ainge aurait poussé MJ à mettre de l’eau dans son vin, par la force s’il avait fallu.
A l’époque, un joueur du banc des Bulls dénommé Steve Colter s’écrasait quotidiennement face aux invectives de His Airness, et les dirigeants cherchaient à apporter un véritable contre-poids en la personne de Ainge. De plus, ce dernier était encore dans son prime, et sa défense réputée aurait fait grand bien à Chicago.
Le deal n’a cependant jamais vu le jour, et personne ne peut trop s’en plaindre. Jordan, qui a continué à avoir un comportement autoritaire avec ses coéquipiers, a glané 6 bagues lors des 8 saisons suivantes, tandis que Ainge a rebondi à Portland puis à Phoenix, avec qui il a atteint les Finales en 1992 et 1993.
Avec du recul, Jerry Krause n’a pas dû regretter de ne pas amener un autre mâle alpha dans l’équipe, puisque la recette a fonctionné sans. Ainge, lui, peut nourrir quelques regrets tout de même.