Avant de ressusciter la NBA aux côtés de Magic Johnson dans les années 1980 et de devenir une légende incontestée du basket, Larry Bird a connu une enfance très douloureuse, sombre, déchirante. Avec en point d’orgue, un funeste et tragique jour de 1975.
S’il est devenu une star mondiale dans les années 1980, amassant 3 titres de MVP et autant de bagues, Larry Bird est parti de loin. De très loin. Né dans la bourgade de 2000 habitants de French Lick au fin fond de l’Indiana, le blondinet est le quatrième d’une famille de 6 enfants.
Sa mère, Georgia Bird, empilait les heures dans un restaurant du coin pour ramener quelques dollars. Son père, Joe, était un personnage compliqué. Vétéran de la guerre de Corée, le patriarche était porté sur la bouteille. Travailleur invétéré malgré tout, il écumait les boulots dans le bâtiment et la construction. La famille vivait dans une petite maison, proche des voies de train :
A cette époque, la région est en proie à un contexte économique faiblard, et dès son adolescence, Larry travaille lui aussi pour gagner quelques sous et contribuer à l’effort familial. Malgré les soucis, le garçon et son père sont très proches. Ils vont à la pêche ensemble, et le futur joueur des Celtics considère alors Joe comme son meilleur ami.
Une anecdote marquera d’ailleurs Larry à jamais. Un soir, son père rentre du travail en boitant, la cheville sévèrement enflée. Le lendemain matin, son pied a viré au noir et la situation a tellement empiré que Joe peine à marcher et à mettre sa chaussure. En forçant, avec l’aide de Larry, ils y parviennent. Sans se plaindre et sans dire un mot, le père se lève et part au travail, comme si de rien n’était. Bird conservera cette éthique de travail toute sa vie.
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Au début des années 1970, Georgia et Joe divorcent, plongeant ce dernier dans une grande difficulté personnelle et financière. En retard sur son paiement de la pension alimentaire, il appelle son ex-femme le 3 février 1975. Il annonce que sa famille se portera mieux sans lui. Sans raccrocher, il pose le téléphone sur la table, et se suicide d’une balle dans la tête.
Âgé de 18 ans, Larry accuse le coup. Son confident, son modèle, son meilleur ami vient de le laisser tomber. Le Hall of Famer ne parlera que rarement de l’épisode, se contenant de quelques mots :
J’ai toujours eu l’impression que mon père avait abandonné non seulement lui-même, mais aussi nous, les enfants. J’avais encore 2 petits frères à la maison et ma mère…
Il a fait ce qu’il avait à faire.
Quelques jours plus tard, malgré le deuil, Larry revient à ce qu’il sait faire de mieux : le basket. Lors d’un tournoi AAU, il apparaît sur une photo figé, groggy.
Après l’épisode, Larry Bird, qui avait quelques mois auparavant quitté la grande université d’Indiana, ne se sentant pas à sa place dans un si grand campus au milieu de gens aisés pour la plupart, erre pendant un an, vivant de petits boulots. En 1976, il rejoint finalement Indiana State pour une aventure de 3 ans. Il portera les Sycamores à la finale NCAA 1979 contre Magic Johnson puis à la NBA. L’histoire est en marche.
Sa réussite, Larry Bird est allée la chercher au fond de lui-même, malgré le traumatisme du suicide de la seule personne qu’il prenait pour modèle. Un exemple de persévérance.