La célèbre draft 1984, celle où Michael Jordan a été sélectionné en troisième position par les Bulls, est en réalité bâtie sur un mensonge. Un mensonge qui a changé le cours de la soirée, de la ligue dans les années suivantes mais aussi potentiellement la carrière de Jordan. Explications.
Nous sommes en juin 1984, la 38ème draft de l’histoire de la NBA se tient au Madison Square Garden. Parmi les recrues, quelques sympathiques noms avec quelques décennies de recul : Michael Jordan, Hakeem Olajuwon, Charles Barkley ou encore John Stockton. Un autre joueur est aussi dans la liste, avec de très grands espoirs placés en lui : Sam Bowie. Le jeune pivot de 2.16m arrive en provenance des Wildcats, où il vient de boucler trois saisons pour des moyennes de 13.4 points, 8.8 rebonds et 2.3 contres.
La draft se déroule, et les rookies commencent à être appelés pour la première fois par David Stern, qui vient de prendre son poste de commissaire en février. En tout premier lieu, c’est Hakeem Olujawon qui est sélectionné par les Rockets avec le premier choix. Jusque là rien d’anormal, il s’agit de l’un des noms les plus ronflants de la cuvée, et la suite de sa carrière ne viendra pas donner totalement tort.
Juste derrière, ce sont les Blazers qui doivent choisir. Bien que troisièmes au classement de l’Ouest la saison précédente, ils ont par chance récupéré un pick lors d’un trade avec Indiana en 1981, qui se transformera en second choix 1984. A ce moment crucial de la draft, Michael Jordan est encore sélectionnable, mais Portland décide finalement de partir sur Sam Bowie.
L’une des plus grandes erreurs de l’histoire de la draft, puisque Bowie ne jouera que 511 des 820 matchs possibles en 10 ans sur les terrains, tandis que Michael Jordan développera la carrière qu’on lui connait tous. Car oui, les Blazers récupèrent alors, sans le savoir, un joueur dont le parcours va être littéralement gâché par des problèmes aux pieds et aux jambes.
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Mais au moment de choisir leur recrue, ils ne sont au courant de rien, surtout que Sam Bowie est à l’origine de l’une des plus grandes escroqueries du siècle. Dans le documentaire « Going big » d’ESPN, il révélait son mensonge au moment des tests pré-draft qui a changé le cours de la soirée 1984, mais aussi l’histoire de la ligue dans les années qui suivront :
Je me souviens encore que les médecins avaient pris un petit maillet, et quand ils me frappaient sur le tibia gauche, je disais : « Non, je ne ressens rien ».
Mais en réalité, ça me faisait mal. Oui c’était un mensonge et c’était pas bien, mais en fin de compte, quand on a des proches dans le besoin… J’ai fait ce que n’importe lequel d’entre nous aurait fait.
Physiquement, je n’étais pas ce que ces gars étaient.
Un mensonge qui laisse les Blazers totalement confiants. Portland part tête baissée sur Bowie avec son 2ème choix, et laisse de côté Michael Jordan. En 1984, ils ont déjà un arrière performant dans les rangs (Jim Paxson) et un joyau à polir, récupéré une année plus tôt : Clyde Drexler. De plus, il leur faut un intérieur de type Bill Walton pour prendre le lead dans la raquette avec Mychal Thompson. Le CV de Bowie apparaît donc comme une simple évidence.
C’est ainsi que Chicago récupère miraculeusement Michael Jordan en troisième position, et la suite de l’histoire est désormais connue de tous. Cependant, sans l’arrivée de Jordan à Chicago, rendue possible par le mensonge de Bowie au moment de la draft, les Bulls n’auraient pas connu leurs succès des années 1990. Et aux Blazers ou ailleurs, MJ n’aurait peut-être pas évolué de la même façon qu’aux Bulls.
Comme quoi, dans une carrière professionnelle, tout peut basculer sur une petite chose. La draft de Michael Jordan en 1984 par les Bulls, rendue possible sur un mensonge de Sam Bowie, en est le parfait exemple.