Moins réputée que les drafts 2003 ou 1996, la cuvée 1984 n’en reste pas moins légendaire et surprenante. Au-delà des talents historiques qui la composent, c’est surtout la décision de Portland de prendre Sam Bowie plutôt que Michael Jordan en 2ème position qui a fait, et fait toujours parler. Aussi bien dans les médias, qu’au sein de la franchise de l’Oregon…
La draft 1996 avait Kobe Bryant, Steve Nash, Ray Allen, Allen Iverson et consorts. La draft 2003 avait LeBron James, Dwyane Wade, Carmelo Anthony ou encore Chris Bosh… Ce sont ces deux éditions qui reviennent régulièrement dans les discussions pour déterminer la meilleure draft de l’histoire.
Pourtant, une autre tire son épingle du jeu. L’édition 1984, avec 4 noms légendaires : Hakeem Olajuwon, le pivot le plus technique de tous les temps, John Stockton, meilleur passeur de l’histoire, Charles Barkley, Hall of Famer, et enfin, monsieur Michael Jordan.
Champion NCAA avec North Carolina en 1982, élu meilleur joueur du pays de façon unanime en 1984, MJ a déjà tout d’un grand au moment de se présenter à la draft, et forcément, tout le monde le voit être sélectionné en seconde position lors de la grand-messe de juin, derrière Hakeem « The Dream ».
Petit problème, les Blazers, qui ont récupéré ce pick suite à un trade avec les Pacers, possèdent déjà des lignes arrières bien fournies avec un jeune Clyde Drexler plein de promesses, et le double All-Star Jim Paxson. Difficile donc de faire de la place à Michael Jordan, surtout quand le secteur intérieur de Portland souffre autant. Mais malgré les carences de l’équipe, un homme lutte corps et âme pour convaincre les dirigeants de sélectionner le prodige de North Carolina : le coach Bob Knight.
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« Si nous devions sélectionner 3 des 4 meilleurs athlètes que j’ai jamais vus, Michael Jordan en ferait partie. Il est de loin le meilleur athlète que j’ai jamais vu sur un terrain de basket. Si nous devions choisir le joueur le plus talentueux que j’ai vu, ce serait lui également. Et si nous devions sélectionner le plus grand compétiteur, il en ferait partie.
Il est le meilleur athlète, le plus talentueux, le plus grand compétiteur… À mes yeux, ça en fait le meilleur joueur que je n’ai jamais vu !
Nous avons besoin d’un pivot ? Faites jouer Michael Jordan pivot, et nous aurons dans l’effectif le meilleur poste 5 du monde. »
Bob Knight a déjà tout compris. Malheureusement, pas sa hiérarchie…
Le soir de la draft, le 19 juin 1984, les Blazers font finalement un choix pragmatique. Malgré les recommandations de Knight, c’est bien le nom du pivot Sam Bowie qui retentit dans le Madison Square Garden, juste après celui d’Hakeem Olajuwon. Une décision qui hante encore à ce jour tous les fans de Portland. 10.5 points et 8.1 rebonds de moyenne en 4 ans passés dans l’Oregon, c’est pas mal… Mais c’est loin de ce qu’aurait apporté le futur MJ.
23 ans plus tard, en 2007, les Blazers ont encore une fois un choix élevé de draft, le 1er. Encore une fois, 2 joueurs se tirent la bourre en haut des prédictions pour savoir qui sera choisi en n°1. Encore une fois, Portland prend un pivot… Et encore une fois, cette décision sera malheureuse, puisque Greg Oden n’aura jamais la carrière de Kevin Durant.
Deux mentalités s’opposent lors de la draft : choisir le meilleur joueur disponible, ou choisir un joueur qui répond à un besoin immédiat. L’exemple Portland montre bien que souvent, le talent prime sur le besoin.