Sélectionné par les 76ers avec le troisième choix de la draft 2014, Joel Embiid n’était pourtant pas destiné à rejoindre la ville de l’amour fraternel initialement. Non, le pivot avait les yeux rivés plus à l’Ouest, vers une certaine cité des anges…
Rappelons le contexte avant de commencer.
Nous sommes à l’intersaison 2014, quelques semaines avant la draft. Les 76ers ont terminé l’exercice 2013/2014, l’an 1 de leur reconstruction, avec un famélique bilan de 19 victoires et 63 défaites, le deuxième pire de toute la ligue. Malheureusement, la loterie ne leur sourira pas et ils reculeront d’un rang, héritant du troisième pick derrière Cleveland et Milwaukee.
Et c’est là que ça devient intéressant. Rapidement, un trio se dessine sur le podium : Jabari Parker, Joel Embiid et Andrew Wiggins. L’ordre demeure encore assez flou puisque les Cavs ne sont pas décidés sur le joueur qu’ils sélectionneront avec le premier pick.
David Griffin, alors GM des Cavs, fait venir Embiid pour un workout. Il est intrigué par le joueur sorti de l’université de Kansas, mais il veut le voir de plus près. Et il va être absolument ébloui par le pivot camerounais, qui laisse bouche bée tous les observateurs présents dans le gymnase. Son choix est fait : il va sélectionner Joel Embiid avec le premier choix de la draft.
Mais quelques jours plus tard, le moment qui changera l’issue de cette draft se produit : le pied droit du pivot est fracturé. Opposé à Bismack Boyombo lors d’un workout quelques heures plus tôt, le futur 76er s’est fait écraser le pied par l’actuel pivot de Charlotte. L’os n’a pas tenu.
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Embiid est opéré le 20 juin, deux jours avant la draft, bousculant ainsi tous les plans de David Griffin et des Cavs, qui voulaient absolument mettre la main sur un joueur qui pourrait immédiatement apporter et épauler LeBron James, fraichement revenu.
Du côté de Embiid, la déception est présente mais il faut rapidement passer à autre chose. Les Cavs vont se rabattre sur Andrew Wiggins, les Bucks sont certains depuis plusieurs semaines de choisir Jabari Parker. Le pivot réfléchit, analyse la situation, puis fait part de sa réflexion à un de ses agents à l’époque, François Nyam, à qui il demande de faire « fonctionner sa magie » : il veut chuter jusqu’au 7ème pick, qui appartient… aux Lakers. Embiid veut jouer avec Kobe Bryant.
Évidemment, cette perspective n’est pas réaliste. Aucune équipe ne va faire l’impasse sur le talent qu’est Embiid à partir du troisième choix, et les Lakers auraient besoin de « trade-up » pour espérer récupérer le pivot. Il faut donc penser à une autre solution. Et c’est là que Arn Tellem, autre agent du Camerounais, intervient.
Natif de Philadelphie, Tellem ne voit qu’une seule issue : prendre la direction des 76ers avec le troisième choix. Lancé dans un processus de destruction puis reconstruction par la draft, le club de Philly va enchainer les saisons tout en haut de la draft. Et Tellem le sait, et le fait comprendre à son client : il doit rejoindre Philly, en attendant d’être à son tour rejoint par d’autres lotery picks. Embiid est convaincu, le Process est né. La suite, on la connait, et elle se nomme Ben Simmons et Markelle Fultz.
La carrière de Joel Embiid aurait pu être bien différente si cette blessure au pied, à 48h de la draft, n’était pas survenue. D’abord en partance pour Cleveland, puis désireux de rejoindre Los Angeles, Embiid atterrissait finalement à Philadelphie. Pour le succès que l’on connait.