La récente disparition de Kobe Bryant a réveillé un sujet peu abordé en NBA : les pleurs chez les athlètes de haut niveau. LeBron James, Danny Green et d’autres Lakers s’exprimaient récemment à ce propos.
Dans le monde brutal qu’est la NBA, dans lequel « only the strong survive » comme le dit le tatouage sur l’épaule gauche de Allen Iverson, les larmes sont parfois perçues comme un signe de faiblesse. Récemment, le décès de Kobe Bryant a provoqué énormément de pleurs.
Chez les fans, chez les journalistes, chez les joueurs, bref, chez tous les observateurs qui entourent le monde de la NBA. Dans un entretien pour Sports Illustrated, LeBron James et certaines de ses coéquipiers chez les Lakers ont abordé ce sujet.
Pour LBJ, il n’y a absolument aucune honte à pleurer pour un athlète. Au contraire, il pense que c’est parfois nécessaire pour les humaniser :
Les hommes devraient être émotifs quand quelque chose leur fait mal au coeur. Quand quelque chose vous fait ressentir une certaine émotion, il n’y a aucune raison de ne pas être émotif à ce sujet. Dans ce cas précis (celui du décès de Kobe, ndlr), l’émotion vient de la disparition de quelqu’un qui a fait tant de choses pour notre sport.
Pour Mychal Thompson, père de Klay et ancien Laker, les joueurs montrent qu’avant d’être des superstars, ils sont humains.
Ils montrent que c’est bien de faire sortir ses émotions et de ne pas les garder cachées au fond de soi. Montrer ses émotions en public ne te fait pas perdre de la virilité. Cela montre que tu es humain.
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D’une certaine manière, les têtes d’affiches de la ligue, en montrant leurs émotions, donnent la « permission » aux jeunes fans de faire de même. Une logique confirmée par John Callaghan, doctorat en psychologie du sport, ancien professeur à l’université de USC :
Absolument, sans aucun doute. Pendant des années, les sportifs devaient se retenir, ce n’était pas bien de montrer ses émotions en public. Les choses ont changé. La société évolue. Pendant trop longtemps, nous n’avons pas permis aux athlètes de s’exprimer émotionnellement. Mais désormais, on comprend l’aspect mental du sport.
Si les athlètes accumulent les problèmes sans en parler, cela va impacter leur santé mentale, donc leurs performances. Le contrôle et l’exposition des émotions, quand c’est nécessaire, sont importantes à la santé mentale.
Les années passent, et les mentalités évoluent. Une évolution que Danny Green remarquait avec une anecdote forte de sens :
Quand j’étais jeune, ce n’était pas très bien vu de montrer ses émotions. Ce n’était pas viril, j’imagine. Aujourd’hui, on vit dans une époque différente, une génération différente. C’est ok de montrer ses émotions. Ça ne vous enlève pas votre virilité, votre masculinité. Ça ne fait pas de vous quelqu’un de moins cool.
Même chose chez Quinn Cook, qui a consulté un psy à ses 14 ans suite au décès de son père. Au fil des années, sa vision à ce sujet a évolué pour le mieux :
Au début je ne voulais pas y aller car je pensais que ça faisait de moi un faible. Mais j’ai fini par y aller, et il m’a énormément aidé à traverser cette période. Quand j’étais à la fac, Coach K insistait également beaucoup sur cet aspect du sport. Quand on grandit, on se rend compte qu’il n’y a aucune honte à montrer ses émotions.
Voilà qui pourrait contribuer à faire évoluer les mentalités sur un sujet toujours sensible et parfois tabou dans le sport de haut niveau.