Lorsqu’on évoque Kobe Bryant et Allen Iverson, on évoque sans doute les deux arrières les plus populaires de l’histoire de la NBA, après Michael Jordan. Deux superstars qui se sont rendues coup pour coup pendant des années. Analyse de près de 15 ans de duels.
À l’image de Magic et Bird ou Jordan et Barkley en leur temps, la rivalité entre Kobe Bryant et Allen Iverson était du genre à électriser les foules. Même s’il y avait un profond respect entre les deux joueurs, leurs affrontements étaient souvent électriques. À base de trash-talking et de duels musclés, le but était de prouver qui était le meilleur. Ces deux athlètes exceptionnels toujours prêts à mourir sur le terrain aimaient se rendre coup pour coup.
Durant près de 30 matchs de saison régulière et deux séries de playoffs dont une Finale NBA, The Answer et le Black Mamba se sont tirés mutuellement vers le haut grâce à leur talent et leur compétitivité. Alors que les deux sont désormais retraités depuis plusieurs années, il est l’heure de mettre la lumière sur leur match-up.
Une fois encore, le but de cet article n’est pas de désigner le meilleur joueur mais bien d’analyser leurs confrontations directes (saisons régulières et playoffs).
Les autres duels disponibles :
- LeBron James vs. Kawhi Leonard
- Damian Lillard vs. Russell Westbrook
- Stephen Curry vs. Kyrie Irving
- Dirk Nowitzki vs. Kevin Garnett
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1. Bryant vs. Iverson : bilan de leurs 38 affrontements
Meilleur bilan total : Bryant (24V – 14D)
Meilleur bilan en saison régulière : Bryant (16V – 13D)
Meilleur bilan en playoffs : Bryant (8V – 1D)
Meilleur match au scoring : Iverson (51 en SR)
Meilleure match au rebond : Les deux (12 en playoffs)
Meilleure match à la passe : Iverson (15 en SR)
Le duel marquant : 6 janvier 2006 – Lakers 119 – 93 76ers
- Kobe Bryant : 48 points à 19/29 (7/7 à 3p), 10 rebonds, 2 passes, 2 interceptions en 35 minutes
- Allen Iverson : 31 points à 11/22, 7 passes, 1 rebond, 1 interception en 38 minutes
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2. Statistiques en saison régulière (29 matchs)
Kobe Bryant : 24 points à 46% (32% à 3p, 83% aux LF), 5.3 passes, 5.1 rebonds, 1.1 interception en 35.8 minutes
Allen Iverson : 25.3 points à 36% (28% à 3p, 78% aux LF), 7.1 passes, 3.5 rebonds, 2.2 interceptions en 41.4 minutes
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3. Statistiques en playoffs (9 matchs)
Kobe Bryant : 28.6 points à 46% (33% à 3p, 79% aux LF), 6.7 rebonds, 6 passes, 1.4 contre, 1.4 interception en 43.5 minutes
Allen Iverson : 30.7 points à 42% (26% à 3p, 72% aux LF), 4.4 rebonds, 4.1 passes, 1.4 interception en 44.1 minutes
Entre les deux, l’histoire commence en 1996. Les deux joueurs sont draftés le même jour. L’un est LA star de sa draft et atterrit à Philadelphie, alors que l’autre, dû notamment à son très jeune âge, n’est choisi qu’en 13e position par Charlotte, avant d’être échangé à Los Angeles. Dès ses premiers matchs, Iverson confirme son statut de future star et inscrit au moins 30 points lors de ses six premiers matchs NBA. Débuts bien plus contrastés pour Kobe qui évolue dans une équipe des Lakers déjà compétitive et qui souhaite prendre son temps pour l’intégrer. Il dispute huit minutes de moyenne sur ses 10 premiers matchs en pro. C’est à cette époque que Kobe commence à développer une réelle obsession autour de son duel avec l’ancien de Georgetown, comme il l’expliquait en 2017 sur The Players Tribune :
Le 12 novembre 1996, Allen Iverson en a mis 35 aux Knicks dans une victoire au Madison Square Garden. Le même jour, j’ai joué cinq minutes et j’ai fini avec 2 points dans une victoire contre Houston. Quand je suis rentré à l’hôtel cette nuit-là et que j’ai vu ses highlights sur Sports Center, j’ai perdu la tête. J’ai renversé la table, balancé les chaises, cassé la télé. Je croyais que je bossais dur. J’avais besoin de bosser plus dur. Et c’est ce que j’ai fait.
C’est dans ces conditions que les deux cracks s’affrontent pour la première fois le 26 novembre 1996. Les Lakers reviennent d’un -12 et s’imposent à Philadelphie. Iverson place une jolie ligne de statistiques avec 16 points, 10 passes, 7 rebonds et 3 interceptions mais se troue complètement : 6/27 aux tirs. Auteur de 12 points et 3 tirs à 3-points, Kobe est beaucoup plus efficace. Au terme de ce premier duel, c’est lui qui sourit. Un mois plus tard, c’est le “match retour”. Les Lakers s’imposent de nouveau mais cette fois-ci Iverson fait clairement de l’ombre à son rival. Kobe inscrit 0 point et commet 3 fautes en 6 minutes, alors que l’arrière des Sixers signe 21 points, 10 passes et 7 rebonds. Iverson devra attendre la saison suivante pour remporter son premier match face aux Lakers. Un Kobe de tout juste 19 ans inscrit 3 paniers longue distance dans le dernier quart-temps pour tenter de ramener les siens. Déjà le clutch en lui. Mais c’est bien A.I qui repart avec la victoire et 31 points au compteur.
Mais c’est un autre match qui sera vraiment un déclic dans la tête de Kobe. Nous sommes un an et demi plus tard et Philly reçoit L.A et son duo infernal. Kobe est désormais un titulaire à part entière chez les Lakers, mais encore une fois, il va déchanter :
Le 19 mars 1999, Iverson a inscrit 41 points et 10 passes sur moi à Philadelphie. Travailler plus dur n’était pas assez. Il fallait que j’étudie ce gars comme un maniac. J’ai obsessionnellement lu chaque article et livre sur A.I et j’ai obsessionnellement regardé chacun des matchs qu’il avait joués, depuis le IUPU All-American Game. J’ai obsessionnellement étudié chacun de ses succès, et tout ce qu’il a traversé. J’ai cherché chaque faiblesse que je pouvais trouver.
Du Vino dans le texte. Après s’être préparé comme un malade, il croise de nouveau sa route un an plus tard. Il inscrit 18 points, Iverson 16. Mais ce qui le satisfait le plus ? Le Sixer ne parvient à inscrire aucun panier en seconde mi-temps (0/11). La raison ? Kobe se met en mission défensive sur lui au retour des vestiaires. Une satisfaction certes, mais insuffisante pour combler le Black Mamba qui veut lui en coller 50 sur la tronche pour lui rendre la frustration qu’il a lui-même ressenti lors ce fameux 19 mars. En cette année 2000, Kobe remporte son premier titre puis retrouve les Finales la saison suivante. En face ? Les Sixers. Lors de la saison régulière, les deux joueurs se sont affrontés deux fois. Une victoire chacun. 36 points pour Kobe lors du succès californien. 40 points d’Iverson lors du match retour. C’est un vrai match dans le match qui se prépare.
Le 6 juin 2001, c’est le match 1. Allen Iverson va littéralement marcher sur l’eau et battre la machine Lakers à lui tout seul. Au Staples Center et sans Theo Ratliff, le second All-Star de l’équipe, blessé. 48 points et un cross sur Tyronn Lue entré dans la légende. Un récital et un véritable exploit. Malheureusement pour lui, cette folle prouesse ne se répétera pas. Les Lakers remportent les 4 matchs suivants et signe le back-to back. Sur ces Finales, un Iverson bien trop seul tourne à 35.6 points, 5.6 rebonds, 3.8 passes et 1.8 interception. Aux côtés d’un Shaq archi dominant, Kobe compile tout de même 24.6 points, 7.8 rebonds, 4.8 passes, 1.4 interception et 1.4 contre. Extrêmement utilisés, ils disputent respectivement 47.8 minutes et 46.8 minutes de moyenne sur la série. Un duel sans répit.
Après 10 années passées à s’affronter, le dernier duel Philly-Lakers entre les deux a lieu en 2006. Il représente l’apothéose de toutes ces batailles passées. Le match n’est pas serré et les Lakers s’imposent facilement (119-93), mais individuellement, ils sortent le grand jeu. 48 points et 10 rebonds pour Bryant, 31 points et 7 passes pour The Answer. Un beau spectacle. Moins d’un an plus tard, ce dernier sera tradé à Denver pour former un duo d’attaque hors-pair avec Carmelo Anthony. Les deux arrières se retrouvent alors dans la même conférence, ce qui va leur permettre de se rencontrer plus souvent. En décembre 2007, le All-Star des Nuggets en plante 51 sur son opposant, l’un de ses 14 matchs à plus de 50 points en carrière. Entre 2007 et 2008, ils s’affrontent 8 fois en saison régulière. 5 victoires à 3 pour Kobe alors que chacun domine l’autre au scoring 4 fois, soit 50/50. Équilibré.
Dès sa seconde saison dans le Colorado, Allen Iverson gagne le droit d’affronter les Lakers au premier tour. De belles retrouvailles qui vont tourner court. Un coup de balai et puis s’en va. Les Nuggets subissent la foudre des Lakers de Kobe Bryant déterminé à retrouver les Finales NBA, quatre ans après son dernier périple en date. Le Mamba est injouable sur la série. Plus de 33 points, 6 passes et 5 rebonds à 50% d’adresse et un incroyable 49-10 dans le match 2. Avec 24.5 unités de moyenne, Ivy est leader de son équipe au scoring mais ne pèse pas sur les 4 matchs.
L’historique des duels se terminera avec trois équipes différentes pour A.I. D’abord Detroit où il s’imposera au Staples Center en inscrivant 25 points lors de son 5e match seulement avec les Pistons. Une belle perf à 33 ans. Puis, en septembre 2009, il s’engage librement avec Memphis. Un très court épisode de sa carrière puisqu’il n’y disputera que 3 matchs. Assez pour avoir le temps d’affronter Kobe, encore une fois. Pour ce 37e affrontement, la compétitivité n’est plus la même et l’aîné prend une correction. 41 points pour KB24, contre 8 en sortie de banc pour son adversaire. Enfin, vient la der des ders le 29 janvier 2010. Un Bryant en pleine force de l’âge et prêt à aller chercher un back-to-back fait face à un Iverson au bord de la retraite et revenu à Philly pour la beauté du geste. Mais l’image est belle. Comme à la belle époque, les deux rivaux se retrouvent pour un Sixers-Lakers nous envoyant des flashbacks de 2001. Iverson veut prouver à Kobe qu’il n’est pas cuit et refuse de prendre une leçon. Il dégaine son season high. 23 points, quelques actions d’éclat et une équipe de Philly qui taquine les Angelinos. Kobe finit à 24 comme son numéro de maillot. Une dernière bataille symbolique dans une rencontre disputée où ils terminent tous les deux meilleurs scoreurs du match. La boucle est bouclée.
Kobe Bryant ressort avec l’avantage du bilan et d’avoir remporté aisément ses deux séries de playoffs face à son rival. Sur le plan des stats, c’est équilibré mais c’est bien Iverson qui se détache au scoring. Entre ces deux compétiteurs nés, on vous laisse faire votre choix…