Parmi les meilleurs de l’histoire à leur poste, Kevin Garnett et Dirk Nowitzki ont souvent été opposés. S’il sera toujours compliqué de départager ces deux légendes du jeu, on peut tout de même commencer par disséquer leurs nombreuses confrontations directes. Analyse.
La guerre entre les fans de Kevin Garnett et ceux de Dirk Nowitzki a fait rage durant leurs carrières, et même encore aujourd’hui quand il s’agit d’avancer les arguments mettant en valeur son chouchou.
À travers les années, une vraie rivalité s’est installée entre les deux joueurs et par conséquent entre leurs admirateurs. 21 saisons et 16 sélections All-Star d’un côté, 21 saisons et 15 étoiles de l’autre, un titre chacun, un MVP chacun…
Le moins que l’on puisse dire c’est que ces deux-là n’ont rien fait pour nous aider à choisir. Mais comme chacune de nos chroniques comparatives, le but ici n’est pas de déterminer qui était le meilleur des deux ou qui est le meilleur poste 4 des années 2000 derrière Tim Duncan. Il est simplement de constater si l’un a réellement pris le dessus sur l’autre en tête-à-tête. Pour cela, nous allons uniquement analyser ci-dessous leurs confrontations directes (saisons régulières et playoffs).
Les autres duels disponibles :
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1. Garnett vs. Nowitzki : bilan de leurs 40 affrontements
Meilleur bilan total : Nowitzki (23V – 17D)
Meilleur bilan en saison régulière : Nowitzki (20V – 17D)
Meilleur bilan en playoffs : Nowitzki (3V – 0D)
Meilleur match au scoring : Nowitzki (39 en playoffs)
Meilleure match au rebond : Garnett (22 en SR)
Meilleure match à la passe : Garnett (10 en SR)
Le duel marquant : 24 avril 2002 – Mavericks 122 – 110 Timberwolves (1e tour des playoffs – Game 2)
- Dirk Nowitzki : 31 points à 9/21 (4/5 à 3p), 15 rebonds, 2 passes, 4 interceptions, 1 contre en 43 minutes
- Kevin Garnett : 31 points à 9/19, 18 rebonds, 4 passes, 3 contres, 2 interceptions en 46 minutes
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2. Stats en saison régulière (37 matchs)
Kevin Garnett : 21.8 points à 52% (29% à 3p, 79% aux LF), 11.5 rebonds, 4.3 passes, 1.2 contre, 1.2 interception en 36.8 minutes
Dirk Nowitzki : 23.1 points à 47% (40% à 3p, 89% aux LF), 8.2 rebonds, 2.1 passes en 38 minutes
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3. Stats en playoffs (3 matchs)
Kevin Garnett : 24 points à 43% (50% à 3p, 72% aux LF), 18.7 rebonds, 5 passes, 1.7 contre, 1.7 interception en 43.2 minutes
Dirk Nowitzki : 33.3 points à 53% (73% à 3p, 89% aux LF), 15.7 rebonds, 3 interceptions, 1.3 contre en 43.5 minutes
Commençons par le commencement avec une petite remise en contexte. Kevin Garnett est drafté en 1995, Dirk Nowitzki trois ans plus tard. Si le premier débarque avec un statut de futur star de la ligue, la réussite du second est beaucoup moins certaine, à une époque où les européens ne sont encore que très peu considérés en NBA. Mais les deux ont pour point commun d’avoir vécu une saison rookie un peu compliquée. Un dur moment qui ne durera pas puisque les deux joueurs explosent dans leur seconde saison, l’Allemand doublant même ses moyennes et frôlant le trophée de MIP en 2000 (il arrive second derrière Jalen Rose).
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Lors de la saison rookie de Dirk, les deux joueurs s’affrontent à deux reprises. Deux défaites pour Nowitzki face à un KG déjà double All Star. Un écart de classe trop important : 20 points, 9 rebonds et 5.5 passes pour KG face aux 8 points et 3.5 rebonds de moyenne d’un européen de 20 ans encore en plein apprentissage. Pour dominer Garnett au scoring lors d’un match, Dirk devra attendre leur sixième confrontation qui a lieu lors d’une fessée de 20 points infligée aux Wolves chez eux. Pour la première fois les deux joueurs se livrent un duel de grande envergure : 26-13-6 pour le franchise player des Timberwolves, 28-8-2 pour la jeune star des Mavericks. Rebelote deux mois plus tard. 30 pions pour Dirk, 28 unités et 15 rebonds pour KG, et cette fois c’est Minny qui l’emporte. Au fil de leurs affrontements, les deux intérieurs se rendent coup pour coup.
Lors de la saison 2001-2002, la saison régulière rend son verdict et Dallas (4e) et Minnesota (5e) se préparent à s’affronter au premier tour des playoffs. À ce moment-là, le bilan collectif entre les deux joueurs est de 6 à 5 en faveur de Garnett. Presqu’une égalité parfaite. Quoi de mieux qu’en découdre pendant les playoffs ? Et à ce jeu, c’est clairement Dirk Nowitzki qui va ressortir gagnant. À cette époque, le premier tour des playoffs se joue au meilleur des 5 matchs et la première équipe arrivée à 3 victoires est donc qualifiée pour la suite. Dallas s’impose en 3 matchs avec un écart de plus de 10 points en moyenne. Nowitzki passe la barre des 30 points lors de chacune des rencontres et inscrit même 39 unités dans le troisième match décisif, auxquelles il ajoute 17 rebonds. Si KG ne démérite pas avec des moyennes de 24 points et 18.7 rebonds sur la série, il doit accepter un cuisant échec.
Une bataille de playoffs qui va éveiller un niveau de compétitivité rarement vu entre deux adversaires directs. Lors de la saison suivante, Dallas et Minnesota s’affronte quatre fois. 2 victoires de chaque côté et des statistiques affolantes : Nowitzki tourne à 34 points et plus de 9 rebonds, Garnett rayonne aussi avec 28 points, 14.5 rebonds et 6 passes. Lors de la saison qui suit, Garnett sera élu MVP presqu’à l’unanimité (seuls 3 votes iront à Tim Duncan et Peja Stojakovic) et gagne un tout autre statut.
À l’été 2007, Kevin Garnett rejoint les Celtics pour former une incroyable superteam. Les deux joueurs ne sont donc plus dans la même conférence et leurs chances de s’affronter, notamment en playoffs, sont donc réduites. Et c’est alors que KG commence à prendre le dessus en termes de bilan. Sous le maillot de Boston, il repart vainqueur de ses quatre premiers duels face à l’Allemand, malgré un match à 37 points de Dirk qui constitue le plus haut total inscrit en face-à-face par l’un des deux joueurs en saison régulière. Dans une équipe de stars, les stats de KG sont en baisse mais il devient champion et gagne tous ses matchs face à Dirk entre la saison 2007-08 et la 2009-10. Après la défaite en finale face aux Lakers, les Celtics prennent un coup sur la tête et la fin de leur domination commence à se faire sentir. De son côté, Dallas redevient une équipe de très haut niveau. Les rôles s’inversent et Dirk en profite pour gagner quatre confrontations d’affilée entre fin 2010 et début 2013, remportant à son tour sa première bague entre temps.
En fin de carrière, les deux papys signent le clap de fin avec deux derniers affrontements. D’abord un Brooklyn-Dallas en janvier 2014. Les Nets l’emportent avec leur vétéran de 37 ans en double-double (10pts, 11rbs). Deux ans plus tard, c’est la der des ders. Le 10 janvier 2016, Dallas rend visite à Minnesota où KG est revenu en terre conquise. Mais c’est bien son meilleur ennemi qui va marquer la rencontre de son empreinte en signant 29 points et 7 rebonds, soit alors son deuxième plus gros total de la saison. Le duel n’a pas vraiment lieu puisque placé au bout du banc, Garnett ne joue que 7 minutes, mais l’esprit de compétition est encore présent entre eux alors qu’ils sont âgés de 37 et 39 ans.
Si on peut regretter une chose à ce sujet, c’est bien que Garnett et Nowitzki ne se soient affrontés qu’à une seule reprise en post-season. Une unique confrontation de laquelle Dirk est sortie nettement vainqueur. Mais cela en fait-il le vainqueur de ce duel pour autant ? Si Garnett compte moins de victoires, il faut aussi souligner qu’en dehors des points, il domine nettement Dirk dans toutes les autres catégories statistiques majeures. Allant même jusqu’à réussir un triple-double à 35 points sur la tête de l’Allemand en 2003. Une finale NBA entre Boston et Dallas au début des années 2010 aurait tout à fait été possible. Un tel duel avec les deux joueurs plus ou moins à leur prime aurait été un magnifique point d’exclamation à cette rivalité. Malheureusement, il faudra se contenter de nombreuses batailles de saison régulière et de trois petits matchs de playoffs pour en juger.
Alors, selon vous, est-ce que le meilleur bilan global de Dirk et sa domination au scoring en font le vainqueur de ces 40 duels ? Ou est-ce que le plus gros impact défensif et le côté beaucoup plus all-around de Garnett lui confère un statut spécial ?