Aux États-Unis, les statistiques sont souvent reines lorsqu’il s’agit de déterminer le niveau ou l’impact d’un joueur. Au-delà des simples boxscores, beaucoup de différents outils sont utilisés dont le fameux PER. Qu’est-ce que c’est ? Qui domine la catégorie sur la décennie ? On vous éclaire.
Il existe un outil ultime pour connaître à quel point un joueur est fort en termes de statistiques. Lequel ? Le PER. Qu’est-ce que c’est ? En tous cas, rien qui fera fantasmer les amoureux du jeu qui n’apportent d’intérêt qu’à la vérité du terrain. Créé par John Hollinger, le Player Efficiency Rating (autrement dit le “Taux de rendement d’un joueur”) permet une analyse globale et poussée de l’impact d’un joueur sur le plan statistique. Si l’on devait le définir, le PER pourrait être décrit comme LA statistique permettant de réunir tous les chiffres produits par un joueur en un seul nombre.
Évidemment, cet outil a ses limites puisqu’il ne prend donc en compte que les apports se comptant en chiffres. Ce qui signifie par exemple qu’un défenseur sera jugé uniquement sur ses contres, ses interceptions et ses rebonds défensifs et non pas par d’autres moyens moins visibles (un peu comme dans un jeu vidéo).
En attaque, les discrètes contributions ne sont pas prises en compte non plus. De ce côté du terrain ne sont jugés que les points, rebonds, passes et l’efficacité au tir. Les mauvaises stats telles que les pertes de balles et les fautes sont pénalisantes et le temps de jeu est également un paramètre influent.
En créant un équilibre avec toutes ces données, on obtient donc le PER d’un joueur, aussi bien sur un match que sur une saison ou une carrière. Cela permet donc d’obtenir la force statistique des joueurs, plutôt que de vraiment définir le plus valuable d’entre eux. Car il faut le rappeler, les résultats collectifs et tout ce qui ne se trouve pas sur une feuille de match n’est pas considéré. Un joueur empilant les stats dans une équipe mauvaise peut donc prétendre à un PER très élevé.
Exemple, Mitchell Robinson des Knicks possède l’un des PER les plus élevés de ce début de saison alors que son équipe est bonne dernière du championnat. Pourquoi ? Parce que son rendement statistique est très efficace par rapport à son nombre de minutes et son style de jeu lui permet d’avoir un pourcentage au tir très élevé et de compter très peu de pertes de balle. Des paramètres qui le favorisent.
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Pour obtenir un classement assez crédible et ne pas avoir des cas comme celui de Robinson, nous avons installé deux critères : il faut avoir disputé au moins 200 matchs et 4000 minutes au total sur la décennie. Et nous avons donc obtenu les 20 joueurs avec le PER moyen le plus élevé depuis la saison 2010-2011 (et sans prendre en compte la saison actuelle) :
- LeBron James – 28.3
- Anthony Davis – 27.4
- Kevin Durant – 26.8
- Russell Westbrook – 25.4
- James Harden – 25.2
- Chris Paul – 25.1
- Karl-Anthony Towns – 25.0
- Stephen Curry – 24.9
- Nikola Jokic – 24.8
- Hassan Whiteside – 24.1
- Kawhi Leonard – 22.6
- Kevin Love – 22.4
- DeMarcus Cousins – 22.4
- Blake Griffin – 22.2
- Clint Capela – 22.2
- Kyrie Irving – 22.1
- Andre Drummond – 22.1
- Montrezl Harrell – 22.1
- LaMarcus Aldridge – 22.0
- Giannis Antetokounmpo – 21.9
Sans surprise, LeBron James arrive en tête. “Volume player” par excellence et machine à stats certifiée, la superstar des Lakers domine le classement, suivie de près par son nouveau coéquipier Anthony Davis, l’un des joueurs les plus complets de la ligue. Kevin Durant complète le podium devant Russell Westbrook et James Harden. Un top 5 “logique” composé de 5 des meilleurs joueurs de la décennie. Double MVP, Stephen Curry arrive en 8e position devant Nikola Jokic qui intègre le Top 10. Pas étonnant lorsqu’on sait que le pivot de Denver est un monstre lorsqu’il s’agit de remplir toutes les cases. Giannis Antetokounmpo ferme la marche avec un PER de 21.9 devançant de très peu Tim Duncan (21.8). Rudy Gobert est le premier Français, il arrive en 23e position.
Nos critères excluent notamment Joel Embiid et Boban Marjanovic, qui en revoyant nos exigences en termes de minutes jouées auraient intégré respectivement la 11e place pour le Camerounais et la… 4e pour le Serbe ! En effet, si l’on rapporte ses stats en carrière sur 36 minutes, l’actuel pivot des Mavs affiche des moyennes de plus de 22 points et 14 rebonds et un PER de 26.4. Incroyable mais pas très représentatif pour un joueur qui ne joue même pas 10 minutes/match en carrière.
On obtient tout de même une bonne surprise avec la présence de Montrezl Harrell qui rentre de peu dans les critères. L’intérieur représente l’efficacité incarnée depuis quelques saisons et se voit récompenser de son apport. Les présences d’Hassan Whiteside et Clint Capela peuvent également être très surprenantes mais cela s’explique également par le fait que ce sont des joueurs à haut pourcentage, qui ne prennent pas de tirs longue distance, qui font des gros chiffres en rebonds et contres et qui sont capables de délivrer des stats bien fournies sur des courts temps de jeu. Tous les pivots avec ce type de profil sont logiquement avantagés.
Pour rappel, le meilleur PER en carrière est détenu par Michael Jordan (quelle surprise) avec 27.9. LeBron James le talonne (27.6) suivi dans le Top 5 par Anthony Davis, Shaquille O’Neal et David Robinson. Desservi par de nombreuses stats non comptabilisées à son époque, Wilt Chamberlain n’est “que” 6e. Quant au record sur une saison, il appartient lui bien à Wilt The Stilt avec un PER de 31.8 lors de la saison 1962-63. Et ça sans contres ni interceptions. Ses stats cette saison-là ? 44.8 points à 53%, 24.3 rebonds et 3.4 passes. Voilà, voilà.
Vous l’aurez compris, le PER n’est pas forcément l’outil le plus fiable pour déterminer la valeur d’un joueur mais donne un énorme indice sur sa productivité sur le terrain. Chaque saison, le joueur au PER le plus élevé est d’ailleurs souvent élu MVP.