Il était celui qui devait changer la NBA. En 1986, Len Bias, 22 ans, était drafté par Boston. Quelques jours plus tard, il trouvait la mort, ne laissant derrière lui qu’un immense chagrin et un gros point d’interrogation : qu’aurait-il pu advenir ?
A l’été 1986, Boston est sur le toit du monde. Larry Bird, triple MVP en titre, vient de porter ses troupes à un sacre face à Houston, et les C’s ont récupéré leur 2ème bague en trois ans. Cerise sur le gâteau ? Ils disposent du 2ème choix de la Draft, avec lequel le boss Red Auerbach sait déjà quoi faire : ce sera Len Bias l’heureux élu.
Originaire du Maryland, Bias est une véritable star du basket universitaire. Prototype de l’ailier fort moderne, il a dominé ses 4 années avec les Terrapins, et son arrivée en NBA est comparée à celle de Michael Jordan 2 ans auparavant. Pas au niveau du style de jeu, mais plutôt en terme d’impact sur la ligue. De la même manière que MJ a chamboulé la NBA dès son arrivée, tout le monde s’attend à voir Bias faire de même. Il n’en sera rien.
Le 17 juin 1986, Boston sélectionne comme prévu Len Bias avec le 2ème choix. 2 jours plus tard, le néo-rookie rend visite à des vieux amis sur le campus de Maryland, histoire de fêter ça. Après une sortie, il regagne un dortoir aux alentours de 3 heures du matin, et consomme de la cocaïne avec son groupe d’amis. Vers 6 heures du matin, Bias s’écroule. Il ne se relèvera jamais, et est prononcé mort à 8h55 des suites d’une overdose.
L’Amérique se réveille avec la terrible nouvelle, et c’est tout le pays qui est bouleversé. « C’est la chose la plus cruelle que j’ai jamais entendue », lâche Larry Bird. A Maryland, une cérémonie est organisée devant 11.000 personnes. Des funérailles privées ont ensuite lieu.
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L’histoire reste la plus tristement emblématique d’une époque où la NBA était gangrenée par des problèmes de drogues et notamment de cocaïne. Sur cette cuvée 1986, 3 autres joueurs du top 10 ont vu leur carrière être massivement impactée par leur addiction à la poudre : Chris Washburn, Roy Tarpley et William Bedford
L’impact sur la ligue a aussi été énorme. Après 1986, les Celtics n’ont plus gagné de titres durant deux décennies, l’effectif commençant à vieillir et à être sujet aux blessures. Avec l’explosivité et l’incroyable talent de Bias dans un frontcourt déjà mythique, que serait-il advenu ? On peut imaginer sans trop de mal que Boston aurait gagné d’autres bagues, aux dépens, peut-être, des Lakers, des Pistons ou des Bulls.
Malgré lui, en étant le triste héros de la terrible et maudite Draft 1986, Len Bias a surtout permis une prise de conscience, permettant à la NBA d’amorcer la sortie de sa « cocaine era », qui a fait tant de dégâts, nous privant notamment d’un des meilleurs joueurs de sa génération, sinon le meilleur.
En 2003, le mythique Coach K de Duke était formel :
Ça fait 24 ans que je suis ici, et les deux adversaires les plus coriaces que j’ai eu à affronter étaient Michael Jordan et Len Bias. Ils avaient une créativité, une hargne, des manières de scorer qui les rendaient incroyables.
Pour Len Bias, l’histoire a pris fin prématurément dans un dortoir du Maryland. Un regret éternel pour l’un des plus grands talents brut de l’histoire.