Tracy McGrady, un véritable monument en NBA, mais dont la carrière n’a peut-être jamais atteint sa vitesse de croisière. Retour sur le parcours d’un joueur au potentiel énorme, mais dont la carrière a été comme beaucoup d’autres : tronquée par les blessures.
Tracy McGrady fait partie de ces joueurs NBA qui laissent un gros point d’interrogation derrière eux quand ils prennent leur retraite. Jusqu’où se serait-il élevé si les blessures l’avaient laissé tranquille ?
On ne le saura jamais, mais son impact dans la ligue a tout de même été impressionnant, au point que Kobe Bryant le considérait comme le joueur lui ayant posé le plus de problèmes :
Tracy McGrady était le joueur sur qui j’ai eu le plus de mal à défendre tout au long de ma carrière. En attaque, il pouvait faire tout ce qu’il voulait.
Le jeune McGrady, un inconnu au bataillon
Tracy McGrady est né le 24 mai 1979 à Bartow en Floride. Il est le cousin éloigné d’une autre légende de la ligue, Vince Carter, mais les deux ont mis pas mal de temps à se rendre compte qu’ils faisaient partie de la même famille (tous les détails dans cet article : comment Vince Carter et Tracy McGrady ont appris qu’ils sont cousins).
Au lycée, il s’inscrit à la Mount Zion Christian Academy, à Durham en Caroline du Nord, pour sa dernière année, étant auparavant à Auburndale en Floride. Il fait bien évidemment du basket mais est relativement inconnu lorsqu’il quitte son État natal. Il se révèle cependant lors de l’Adidas ABCD Camp en 1996. L’attraction s’appelle alors Lamar Odom. McGrady se voit même attribuer le dernier numéro, le 175, reflétant son rang parmi les lycéens du pays. Pourtant, il domine tout le monde et se fait un nom.
Je suis la dernière personne à faire ce camp d’entrainement et vous me donnez ce maillot : 175. Personne se savait qui était Tracy McGrady. Sonny Vaccaro, un cadre d’Adidas, m’a donné ce maillot et j’ai joué contre les meilleurs joueurs du monde à l’époque. J’ai quitté le camp en étant le joueur numéro 1 du pays. De 175 à numéro 1.
1997-2013 : une carrière au goût d’inachevé
En 1997 à la fin de son cursus au lycée, et bien qu’ayant considéré aller à l’Université de Kentucky, McGrady se présente à la draft. Au sein d’une cuvée comprenant notamment Tim Duncan, Chancey Billups et Stephen Jackson, il est sélectionné en 9ème position par les Raptors. Mais son destin aurait pu être tout autre, car les Bulls voulaient réaliser un transfert pour le récupérer. Ils étaient même prêts à inclure Scottie Pippen dans la transaction. McGrady était revenu sur cet événement dans l’émission The Jump en 2016.
Ce que beaucoup de personnes ne savent pas à propos de cette nuit est que Jerry Krause [le GM des Bulls] était vraiment en train de monter un transfert entre moi et Scottie Pippen. Ils m’ont même invité à un entretien secret. Puis MJ a appelé et a fait capoter l’accord. Mike ne voulait pas de ça. Pas un mec venant du lycée.
Au final McGrady se retrouve bien à Toronto, et est même rejoint par Carter l’année suivante. Mais sa Floride natale lui manque et il est transféré à Orlando en 2000 contre un premier tour de la draft 2005. Revenu sur ses terres, il explose sous le maillot du Magic et remporte le trophée de Meilleure Progression en 2001. Au cours de ses 4 saisons passées à Orlando, il est deux fois meilleur marqueur de la ligue en 2003 (32.1 points) et 2004 (28.0 points), et affiche des moyennes cumulées de 28.1 points, 7.0 rebonds et 5.2 passes. L’aventure se termine cependant mal en 2004 à cause de manque de résultats, mais aussi de tensions avec les dirigeants. Il prend alors la direction de Houston avec Juan Howard, Tyronn Lue et Reece Gaines, en échange de Steve Francis, Kelvin Cato et Cuttino Mobley.
Dans le Texas, il forme un formidable duo avec Yao Ming et les Rockets s’imposent comme une des meilleures équipes de la conférence Ouest. Mais l’équipe n’arrive pas à confirmer en playoffs, et les problèmes de blessures commencent à arriver. McGrady est carrément échangé aux Knicks au milieu de la saison 2009-2010. C’est le début de la fin pour T-Mac. Après deux saisons passées à Detroit et Atlanta, il fait une dernière pige aux Spurs en 2013 avant de prendre sa retraite à l’issue des Finales perdues par San Antonio.
Au final, McGrady aura été sélectionné 7 fois au All-Star Game, sans interruption de 2001 à 2007, ainsi que dans 7 équipes All-NBA : deux fois dans la 1ère (2002 et 2003), trois fois dans la 2ème (2001, 2004 et 2007), et deux fois dans la 3ème (2005 et 2008). Il entre au Hall of Fame en 2017.
Le maudit des playoffs
McGrady est connu pour n’avoir jamais réussi à franchir le premier tour des playoffs au cours de sa carrière, en tout cas pas quand il était un des joueurs majeurs des équipes dans lesquelles il jouait. Sous le maillot des Spurs, il a connu les Finales, mais dans un rôle très réduit : 6 matchs sur l’ensemble des playoffs pour 38 minutes jouées au total et aucun panier inscrit. Il affiche au total un bilan en playoffs de 30-32, mais de 15-26 si l’on enlève le parcours avec San Antonio. Ses moyennes sont de 22.2 points, 5.7 rebonds et 5.0 passes, mais elles grimpent à 29.5 points, 6.9 rebonds et 6.5 passes si on ne prend en compte que les campagnes avec Orlando et Houston.
Voici ci-dessous son historique en playoffs :
Toronto :
1999-2000 : 0-3 contre les Knicks
Orlando :
2000-2001 : 1-3 contre les Bucks
2001-2002 : 1-3 contre les Hornets
2002-2003 : 3-4 contre les Pistons
Houston :
2004-2005 : 3-4 contre les Mavs
2006-2007 : 3-4 contre le Jazz
2007-2008 : 2-4 contre le Jazz
Atlanta :
2011-2012 : 2-4 contre les Celtics
San Antonio :
2012-2013 : 4-0 contre les Lakers > 4-2 contre les Warriors > 4-0 contre les Grizzlies > 3-4 contre le Heat
Des blessures fatales
McGrady n’a pas été épargné par les blessures durant sa carrière. Il est l’un des joueurs NBA qui auraient pu avoir un destin bien différent si leurs corps les avaient laissés tranquilles, à la manière d’un Grant Hill ou d’un Brandon Roy. En 2005-2006, il dispute seulement 47 matchs à cause de douleurs au dos, et les Rockets ratent les playoffs. Il passe même 2e option derrière Yao Ming lors de la saison suivante, où il réalise néanmoins son record de passes en carrière (6.5 par match).
En 2007-2008, les douleurs recommencent, cette fois-ci au genou et à l’épaule gauches. Pour pouvoir jouer, il reçoit des anti-douleur. Il décide finalement de se faire opérer aux deux endroits à l’intersaison, subissant une arthroscopie. Il ne dispute pourtant que 35 matchs en 2008-2009 et se refait opérer juste après le All-Star Game. Ironie du sort, c’est sans lui que les Rockets arriveront à franchir le premier tour des playoffs en écartant les Blazers 4-2, avant de tomber au tour suivant non sans avoir donné des sueurs froides aux futurs champions (3-4 contre les Lakers). Après cela, McGrady n’est plus le même et s’en suit une fin de carrière sans saveur avec des chiffres en berne.
Les moments marquants de sa carrière
McGrady reste malgré tout un joueur marquant de sa génération. Quand les blessures l’épargnaient, il était l’un des tout meilleurs joueurs de la NBA, capables des coups d’éclat les plus retentissants. Petite compilation.
10 mai 2002 : Quand McGrady coupe le sifflet à Michael Jordan
Lors du All-Star Game 2002, McGrady fait partie de la fête, et marque l’événement à sa manière : son dunk signature, un alley-oop avec la planche pour lui-même. En plus de cela, Michael Jordan lui-même a interrompu son interview quand cela s’est produit.
10 mars 2004 : Un joli cadeau d’adieu au Magic
Alors qu’Orlando affronte Washington, McGrady dispute un de ses derniers matchs sous le maillot du Magic. Il offre alors à son public son record en carrière : 62 points à 20/37 (5/14 à 3-points), auxquels il ajoute 10 rebonds et 5 passes.
9 décembre 2004 : Dans la zone
Les Rockets reçoivent les Spurs ce soir-là. Alors que les visiteurs mènent 76-68 avec un peu plus de 30 secondes à jouer, McGrady enfile son costume de super-héros. Le reste appartient à l’histoire.
Pour plus d’informations, vous pouvez lire cet article : la « zone », un état mental rarissime atteint par Tracy McGrady en 2004.
24 mai 2005 : Que quelqu’un appelle la police !
Lors du Game 2 du premier tour des playoffs 2005, les Rockets sont à Dallas. En milieu de premier quart-temps, McGrady signe un des ses meilleurs dunks en carrière en écrasant Shawn Bradley. Le commentaire de Kevin Harlan « He just sucked the gravity right out of the building » est tout aussi légendaire. Houston remporte la rencontre et mène 2-0 dans la série, avant de devoir s’incliner en 7 matchs.
Au final, même si la carrière de Tracy McGrady n’a jamais été véritablement couronnée de succès, on ne peut que saluer l’artiste pour toutes les émotions qu’il a pu procurer aux fans. L’histoire aurait sans aucun doute été plus belle sans les blessures, mais T-Mac reste quoiqu’il en soit un des meilleurs joueurs des années 2000.