Russell Westbrook est unique en NBA. Son sens aigu de la compétition s’ajoute à un besoin de confrontation presque maladif, au détriment, bien souvent, de l’aspect humain. Plongée dans le cerveau insaisissable et obsessif de Brodie.
On vous prévient tout de suite, il ne s’agit pas d’affirmer que Russell Westbrook est un véritable psychopathe. Non, le meneur n’est pas atteint par cette pathologie – qui touche tout de même à ce jour près de 3% des hommes et 1% des femmes, à divers degrés. Cependant, un petit tour sur le site de Psychologies permet de rapidement trouver une définition qui devrait vous rappeler quelqu’un :
Le psychopathe se traduit par un comportement fortement anti-social. Il agit de manière très impulsive, dans le but de « détruire » psychologiquement et/ou physiquement l’individu. Ce comportement destructeur n’entraîne chez le psychopathe aucun sentiment de culpabilité.
Toujours pas convaincu ? Bien, le temps des explications est venu. Dans la ligue, Russell Westbrook est connu pour son comportement… différent. Hors des terrains, Brodie est vu par tous comme un irréprochable « family man », fidèle comme rarement en NBA et toujours là pour son fils Noah, avec qui il ne manque jamais une occasion de passer du bon temps. Mais sur les terrains, l’homme devient animal. Docteur Russell devient Mister Westbrook, et la transformation a de quoi faire peur.
Tout commence avant même le début de la partie. A une époque où les handshakes et hugs entre adversaires sont légion, Westbrook reste de marbre. Il s’éloigne, et ignore n’importe qui qui vient le saluer.
Quiconque me connaît sait que quand l’heure du match est venue, je ne parle à personne. Ce n’est même pas une question.
Parfois, des rookies ou nouveaux venus dans la ligue viennent se présenter et tendre leur main. Brodie reste impassible, regard droit devant, mains sur les genoux, comme s’ils n’existaient pas. Des scrupules ? Aucun :
Ils apprennent. C’est la seule manière de comprendre.
Non content de suivre cette ligne de conduite, Westbrook s’assure que ses coéquipiers lui emboîtent le pas. Raymond Felton, qui a déjà subi les foudres de Brodie lorsqu’il était à OKC, le sait :
Il va venir te voir et te dire : « T’es d’humeur bien amicale aujourd’hui non ? » Genre : « On a un match à jouer. Je sais que c’est ton gars et tout, mais concentre-toi »
Steven Adams, qui est pourtant de l’avis général le joueur le plus effrayant de la ligue, confesse même qu’il devait saluer certains coéquipiers en cachette lorsque Westbrook était encore dans l’Oklahoma :
Il y a certains joueurs que j’ai le droit d’aller voir, et peut-être même leur faire un hug. Sefolosha, Ibaka. Mais j’essaie de comprendre encore [quels adversaires j’ai le droit de saluer ou non]. Je me fais réprimander parfois. Si je vois que Russell regarde ailleurs, je fais un hug rapide.
Sur le terrain, les choses ne s’arrangent pas. On ne compte plus les embrouilles et rivalités impliquant Russell Westbrook. Il y a bien sûr Patrick Beverley, dont Brodie ne prononce même pas le nom. Ricky Rubio et Zaza Pachulia ont été également ciblés, tout comme Kevin Durant. Plus récemment, c’est Jusuf Nurkic ou encore Joel Embiid qui ont alimenté le feu intérieur de Westbrook.
Lorsqu’il joue, le meneur parle, agace, énerve. « C’est le joueur que je déteste le plus aller voir jouer, car il parle tout le temps » souffle un scout. Westbrook attaque verbalement comme il attaque balle en main. Sans relâche et sans pitié, au point parfois de se créer des ennemis pour se motiver. Il a beau répéter depuis des années qu’il n’écoute rien de ce qui se dit sur lui, Brodie ne laisse rien passer. De’Aaron Fox affirme dans un podcast qu’il est plus rapide que lui ? Au match suivant, il « rock the baby » sur le jeune des Kings, puis prend de vitesse tout Sacramento sur une contre-attaque avant de crier :
Je suis trop rapide !
Ce comportement vaut à Westbrook d’être détesté par de nombreux joueurs dans la ligue. Paul George lui-même reconnaît que lorsqu’on est son adversaire, on le perçoit comme un « trou du c*l ». Damian Lillard est plus nuancé :
Il est deux personnes différentes. Chaque fois que je l’ai vu hors des terrains, je n’ai jamais eu de soucis. Les génies, ils sont toujours un peu fous.
Le meneur des Blazers raconte d’ailleurs qu’en 2019, Westbrook lui a parlé sur le terrain pour la première fois de sa carrière, en sachant que Dame est en NBA depuis 2012. Alors pourquoi cette approche presque auto-destructrice ? Il faut remonter à l’enfance.
Gamin, Russell a retenu un conseil de son père plus que tous les autres : « Quand tu es sur le terrain, ton seul ami est le ballon ». C’est ce précepte de base, ainsi qu’une certaine arrogance propre à tout grand sportif et une mentalité hors-normes, qui ont façonné Westbrook pour en faire le compétiteur maladif qu’il est aujourd’hui. Au delà de tout. Vraiment tout.
La définition du psychopathe vous parait-elle toujours si éloignée de Brodie ? On vous laisse vous faire votre avis. Une chose est sûre, Westbrook ne changera pas. Pour le meilleur, et pour le pire.